Bibliographie
Dernier livre paru
Principaux
livres
Bibliographie
complète
Présentation
des livres
PRINCIPAUX
LIVRES :
Quelques romans...
La Faute des
femmes, Les Éperonniers, 1989 (Prix Rossel)
Le Dit
des béguines, Denoël, 1993
Le Frère
à la bague, Le Rocher, 1998, Labor, 2006
L'ange des larmes, Calmann-Lévy, 2010
L'âme du corbeau blanc, maelström, 2019.
Quelques essais...
Histoire du scandale, Albin Michel 2018.
Histoire
de la pudeur, Orban, 1986; Perrin, 1999; Hachette, coll. Pluriel
Une mystique sans Dieu, Albin Michel, 2015
Histoire
du célibat et des célibataires, Fayard, 2004;
Hachette, coll. Pluriel, 2007.
Histoire de la conquête amoureuse,
Seuil, 2007, coll. Points, 2010.
Histoire du couple, Perrin, 2016.
et l'ensemble :
BIBLIOGRAPHIE
COMPLETE :
Romans, nouvelles, apologues
Essais
Dictionnaires
Livres
collectifs
Romans,
nouvelles,
apologues
* La faute des femmes -
Les
Éperonniers, 1989; Belgique Loisir, 1990; Les
Éperonniers, coll. Passé/Présent, 1999; Prix
Rossel 1989
* Le Troisième Testament
- Les Éperonniers 1990; Prix Marcel Lobet (A.R.E.W.) 1991
* Écrit en la secrète
- Apologues - Les Éperonniers, 1992
* Le dit des béguines -
Denoël, 1993; Bourse Thyde Monnier de la S.G.D.L., 1993
trad. allemande : Der verwundete Vogel ,
trad. Angelika Weidmann, Münich, Knaur, 1995.
* Le secret de la sibylle - Rocher,
1996
tr. portugaise : Osegredo da sibila ,
Lisboa, Livros do Brasil, 1998. Tr. João Costa.
* Le chanteur d'âme
- nouvelle, Le Rocher, 1997.
* Sans témoins
- Zulma, 1996.
Éd. 2000, 1997; Le
livre du mois, 2003.
* Le frère à
la bague - Le Rocher, 1999 - édition de poche : Labor, 2006
* Le Roi rebelle - Apologues - Michel de Maule, 2000,
avec une lithographie de Tudor Banus.
* Le Testament de sable - nouvelle,
Le Rocher, 2001.
* Requiem pour un ange tombé du nid
- Fayard, 2001
Prix Gauchez-Philippot, 2002
* L'arpenteur de
mémoire - Fayard, 2002
* La bonne conscience- nouvelle, Promotion des lettres
belges, 2002.
* Sherlock Holmes et le Secret des Lettres
- ("Le chanteur d'âme", "Le Testament de sable", "La
Rectificatrice"), Le Rocher, 2003.
* L'homme fougère
- Fayard, 2004
* Le marchand
d'anges, contes, Le Grand Miroir, 2008.
* L'ange des
larmes, Calmann-Lévy, 2010.
* Fermé pour cause d'apocalypse, Pascal Galodé, 2013 (coll. "Le K")
* L'âme du corbeau blanc, maelstrÖm, 2019.
* Rituaire, Le Taillis Pré, 2020.
* Le Nouvel An cannibale, maelstrÖm, 2021
* Légendaire, Le Taillis Pré, 2022.
* Emprises. Les contes du père Susar, maelstrÖm, 2023
* Belgiques, Ker Éditions, 2024.
Essais
* Genèse des mètres gallo-romans
(IXe-XIe siècles) , mémoire de philologie romane,
1978.
(professeur titulaire : Madeleine Tyssens)
* Histoire de la pudeur
- Olivier Orban 1986; France Loisir 1987; Hachette (coll. Pluriel)
1987, 1997; Librairie académique Perrin, 1999
Prix Théroigne de l'Académie française;
Prix des jeunes talents de la Province de Liège
Trad. portugaise (Ed. Teorema, 1990), Historia do pudor .
Trad. japonaise (Ed. Chikuma Shobo, 1994)
Trad. russe (Progress Academy)
Trad. allemande, Nacktheit und Prüderie, eine
Geschichte des Schamgefühls ,
tr. Thorsten Schmidt, Weimar, Verlag Hermann Böhlaus Nachfolger,
2001.
Trad. coréenne, Séoul, The éditor Publishing
Trad. chinoise (Tai-Wan), éd. Yuan-Liou, 2005
Trad. Chinoise (Chine), CITIC Publishing House, 2006
* La Naissance interdite
- Olivier Orban 1988
* Histoire morale et culturelle de nos
boissons - Laffont, 1991
* Du flambeau au bûcher : Magie
et superstition au moyen âge - Plon, 1993.
Traduction : Allemagne : éd. Artemis & Winkler
(Münstergasse, 9, CH-8001 Zürich);
Düsseldorf, Walter, 1995 : Von der Fackel zum
Scheiterhaufen : Magie und Aberglaube im Mittelalter .
Magie und Aberglaube im
Mittelalter : Von der Fackel zum Scheiterhaufen. Éd.
Patmos Paperback, 2003
Espagne : Éditions Anaya et Muchnik, De
la antorcha a la hoguera , 1997.
Portugal : éd. Dom Quixote, Da Chama
à Fogueira, Magia e Superstição na Idade
Média ,
1999.
* Histoire des cafés et des cafetiers
- Larousse, 1993
* Histoire du mariage en Occident -
Lattès, 1995; Hachette, coll. Pluriel, 1998.
Traduction tchèque : éd. Volvox Globator,
en
cours
Traduction portugaise : História do
casamento no Occidente , Lisboa, Temas e debates, 1999
Traduction chinoise : China Renmin University Press,
2008 ; Shangaï Culture Publishing House, 2020.
* Le mysticisme athée -
Le Rocher, 1995
* Les sept vies de
maître Eckhart - Biographie, Le Rocher, 1997
* Histoire du sentiment amoureux - Flammarion, 1998
* Voyage autour de ma langue - Essai
sur la langue française, Les Belles Lettres, 2001
* Histoire du célibat et des
célibataires, Fayard, 2004; Hachette, collection Puriel,
2007
trad. italienne Orsola Severini, Camilla Diez, Maria Alba
Fasolo, Giovanna Milano, Rome, Valter Casini, 2006.
trad. coréenne : éd. Imago (Séoul),
en cours
trad. russe : éd. NLO, Moscou, 2010
*Gautier Le Leu, Dieu et le
Pêcheur, adaptation et présentation J.C. Bologne,
Éditions Rhubarbe, 2007.
* Histoire de la
conquête amoureuse - Le Seuil, 2007, collection Points Histoire, 2010 (sous le titre : L'invention de la drague).
trad. polonaise : éd. Naukowa, 2012 (Ireneusz Sakowski)
trad. russe : éditions Text, 2009
trad. italienne : éd. Angelo Colla, 2008
(trad. A. Tomei)
trad. portugaise : éd.Teorema, 2009 (trad.
Telma Costa)
trad. turque : éd. Dost, 2011(trad. Erkan Ataçay)
trad. roumaine : éd. Nemira, 2009
trad. grecque : éd. Polytropon, 2009 (trad.
Giannès Kaukias)
trad. chinoise (Chine populaire) : éd. Jiangxhi Education publishing house, (prév. 2018)
* L'Amour, avec Elisa de Halleux - Flammarion / Carnets du Louvre, 2008
trad. anglaise : Flammarion / Carnets du Louvre, 2008
• Pudeurs féminines, Seuil, 2010.
trad. russe : éditions Text, 2014
trad. chinoise (Chine populaire) : éd. Jiangxhi Education publishing house, (prév. 2018)
• La coquetterie masculine, Perrin, 2011.
• Histoire de l'hôtel de Massa, SGDL, 2012.
• Une mystique sans Dieu, Albin Michel, 2015.
• Histoire du couple, Perrin, 2016 ; Pocket, coll. « Agora », 2019.
trad. espagnole : éd. Luna Libros et Fondo de Cultura Economica, 2017 (trad. Elisabeth Lager y Emma Rodríguez)
• Histoire du coup de foudre, Albin Michel, 2017.
Dictionnaires
* Dictionnaire commenté des
expressions d'origine littéraire (Les allusions
littéraires) - Larousse 1989, rééd.
1999 et 2005.
* Dictionnaire commenté des
expressions d'origine biblique (Les allusions bibliques) -
Larousse 1991, rééd. 1999 et 2005.
* Une de perdue, dix de retrouvées (Les sept
merveilles) - Larousse, 1994, rééd. 2004.
• Qui
m'aime me suive, dictionnaire commenté des allusions historiques
- Larousse, 2007.
Livres collectifs
* Alain Pouillet, L'embarcadère , Lyon,
1993, "Temple"
* L'année nouvelle , Canevas, Les Eperonniers,
L'instant même, Phi, 1993, "Le collectionneur".
* Qu'est-ce que la littérature
érotique , "L'érotisme essentiel", Zulma, 1993.
* 131 nouvellistres contemporains par
eux-mêmes , Festival de la Nouvelle de Saint-Quentin, Manya,
1993, "L'apologue".
* Dernières nouvelles de King-Kong
, Zulma, 1994, "Un ancêtre oublié de King-Kong."
* L'affaire Grimaudi , roman collectif, groupe Ecritures,
Rocher, 1995.
* Louis Hap, histoire d'une rue ,
"La Bête", Bruxelles, Icarus, 1995.
* Regards sur l'invisible , textes littéraires
inédits sur le thème de la
mort, "Les passeurs de vie", CAM - Les Eperonniers, 1995.
* Nouvelles habillées plus une
déshabillée , Hachette, 1996, "La houppelande".
* Demain les momies , Rocher, 1996, "La légende
d'Egide l'Hagiophage", Rocher, 1996.
* "Le chocolat dans la littérature française des
XIXe et XXe siècles", dans Chocolat, de la boisson
élitaire au bâton populaire, XVIe-XXe siècle ,
catalogue CGER, 1996.
* "Du sacré à l'intime", dans Le baiser ,
Éd. Autrement (collection Mutations, N° 169), 1997. Trad. en
brtésilien 1998, "Do sagrado ao íntimo".
* Le bel aujourd'hui , Cadex, 1997, "Les deux paradis", p.
107.
* Coups de cœur à Thomas Owen , Lefrancq, 1998,
"L'alphabet de feu"
* "Le triomphe des apparences", dans La Séduction ,
Éd. Autrement
* Bélgica hoy : Antología de la novela corta ,
Universidad de Las Palmas de Gran Canaria, 1998. "El colleccionista"
("Le collectionneur, tr.
Donato Plumariega Sañudo).
* Des dragons et des Georges , Mons, La lettre
Volée, 2000. "Le regard du dragon".
* Une anthologie de l'Imaginaire , arcane cinquième,
éd. Rafael de Surtis, coll. "Pour une Fontaine de feu", 2001.
"L'amour sidéral".
* Le chevalier sans nom - "Sans titre", Nestiveqnen,
2001 (Coll. Nouvelle Donne).
* Quelques songes de Prométhée ,
Rocher, 2001, pp. 29-41 : "Les trois pierres"
* Compartiment auteurs , SNCB, 2002, "Le retour", pp. 10-12.
* Chaumont nouvelles fictions , Le Pythagore, 2002, pp.
36-42 : "L'école des anges".
* A-B-Cédaire porcinophile
, Éditions Virgile, 2003. "K comme Kukéon".
* Drôles de plumes , éditions Moulinsart,
2004. "Les disparus du tracé royal".
* L’auteur et son libraire,
Devillez, 2006, « Paysage avec et sans libraire ».
* Le XIe, tout un roman, "Un
chemin vert teinté de rouge", éd. Art et poésie,
2007.
* A-B-Cédaire liquidophile,
Éditions Virgile, 2007 : « Rogomme et Gomorrhe ».
* Dragons, Calmann Lévy, 2008. « Le dragonneau anorexique ».
* Anthologie du roman historique, Bruxelles, Le cri, 2008 (extrait du Frère à la bague).
* Le monstre n’est pas celui qu’on croit, Atelier d’écriture du Jeune Écrivain, Rhubarbe, 2011, « L’encyclopédie de mon peuple ».
*Liberté d'expression en Europe et en Méditerranée, censures visibles et invisibles, Calliopées, 2012, « La censure du réel », p. 121-127.
* Voyage à l’île Paria, Atelier d’écriture du Jeune Écrivain, Rhubarbe, 2012, « La grande gueule de bois ».
* Jardin des délices, jardin des supplices, Atelier d’écriture du Jeune Écrivain, Rhubarbe, 2013, « Le jour où je suis vraiment né », p. 67-72.
* Achève-moi ! À la folie, six nouvelles inédites et leurs suites, Luce Wilquin, 2013. « Le président hennissant », p. 15-20.
* Mon royaume pour un livre, Castor astral, 2013. « La petite Antigone murée au fond de moi », p. 33-43.
* Je vous écris d'une ville invisible, Atelier d’écriture du Jeune Écrivain, Rhubarbe, 2014, « La décharge aux objets rouges », p. 7-11.
* Le Chant du monde, Atelier d’écriture du Jeune Écrivain, Rhubarbe, 2015, « Le datu et le punong pampukook », p. 85-91.
* Le peuple des lumières, Ker éditions, 2015 (coll. Double jeu), « L’homme au Dieu inconnu », p. 57-67.
* Lignes de vie, Castor Astral, 2015, « Le livre d’où je viens ».
* Le livre invisible, Castor Astral, 2017, « Écrit sur une page invisible ».
* Livres en vie, Atelier imaginaire, 2017, « Bonds et rebonds », sur une photo de Jean-Marc Godès
* Dictionnaire des mots en trop, éd. Thierry Marchaisse, 2017, « Dieu », « Trop ».
* Repousser l’horizon, PJÉ, 2018, « Devoir de vacances », p. 71-72.
*« Les variants et invariants de la relation amoureuse », in : Amour, une histoire des manières d’aimer, catalogue de l’exposition au Louvre Lens, Paris : Liénart, 2018, p. 100-103.
* « L’engagement de l’Église dans le mariage, approche historique », in : Les Églises face aux évolutions contemporaines de la conjugalité, Strasbourg : Association des Publications de la Faculté de théologie protestante (Travaux de la Faculté de théologie protestante, n° 18), p. 19-38.
* #balancetavie, Ker éditions, 2019 (coll. « Double Jeu »), « Le printemps noir de Pedro », p. 157-165.
* « Les traducteurs du silence, In armariolo et in antisma », Apulée, n° 4, 2019, p. 43-47.
Publications de nouvelles et de poèmes dans plusieurs revues (Utopia,
Nouvelles nouvelles, Nouvelle donne, Frank, Le
Horla, Marginales, Les Feuillets du Spantole, Écrits vains, Le
Chalut, Élan, La Pensée wallonne... )
LIVRES PUBLIES
Fermé pour cause d'apocalypse, roman, Pascal Galodé, 2013 (collection "Le K").
Léon-Joseph Massoulat, après sa mort, arrive en enfer. Il découvre
d’étranges lieux, en trompe-l’oeil, des décors de théâtre sur plusieurs
niveaux, formés de toutes les représentations imaginaires que
l’humanité s’est forgées sur l’outre-tombe. Mais ce
Léon-Joseph, de son vivant redoutable syndicaliste, pose la question la
plus saugrenue : cet enfer est-il aux normes de sécurité, et d’accès
facile aux personnes à mobilité réduite ? Ce problème sème le désordre
dans l’au-delà. Du portier
Sabnac au puissant Baalbérith, du brigadier Cattiminus à l’huissier
Tutivillus, de la taverne de Kobal au réseau Facebouc, on discute
ferme, à coups d’arguments théologiques et de rappels au code de la
construction. D’autant plus
que l’Apocalypse semble imminente, et que Dieu lui-même s’en mêle :
n’est-il pas temps de laisser aux hommes la gestion de leur monde ? Cette fable, aux
allures de farce drolatique, savante mais burlesque, prend peu à peu la
dimension d’un suspense métaphysique, et surtout du drame intime d’un
humain confronté à son passé, à sa responsabilité devant l’univers.
Histoire de la
conquête amoureuse, Seuil, 2007.
Les chevaliers connaissaient l’art d’alourder les femmes ; Villon a
plus que tout autre galé du temps de sa jeunesse folle ; tour
à tour les garçons ont séduit, conté
fleurette, coqueté, flirté... ou dragué. Au sens
strict, la drague est indissociable des années 1950, mais ses
ruses, ses mécanismes psychologiques sont millénaires.
Ses
démarches sont multiples : on ne séduit pas la femme de
sa vie comme la compagne d’un soir. Ses références,
variables : on cherchait jadis conseil auprès de l’acteur de
théâtre ; le spécialiste de marketing semble
aujourd’hui plus efficaces. Quant aux conceptions... Peut-on parler de
la même manière à l’âme d’une jeune fille ou
à son ça inconscient ? On ne tient pas le même
discours si l’on se fie à son cœur ou à ses
phéromones.
En interrogeant les arts de séduire depuis Ovide jusqu’aux
Pick-up artists, en étudiant les tactiques d’Alcibiade à
Casanova, ce livre tente de comprendre comment, depuis toujours,
garçons et filles ont sauté le pas le plus hasardeux : le
premier.
Qui
m'aime me
suive, dictionnaire
commenté des allusions historiques,
Larousse, 2007.
Tout
est perdu fors l'honneur... Je vous ai compris ! Les délices de
Capoue... Un coup de Jarnac, un baiser Lamourette, l'oeuf de Colomb,
faire le mariol... Les allusions à un personnage
historique ou à un événement qui a fait date sont
nombreuses. Pourquoi ces expressions ont-elles marqué leur
temps, comment sont-elles déformées, transformées,
pour s'adapter à d'autres manières de voir ou de dire ?
C'est ce que nous montre Jean Claude Bologne en retraçant leur
histoire. On s'amusera ainsi à retrouver l'atmosphère qui
a entouré le fort Chabrol
ou suscité le bois dont on
fait les flûtes. On découvrira que des expressions
banales trouvent leur origine dans un fait historique oublié : on fait la queue sans plus
penser à l'exécution de Robespierre et l'on peut briller par son absence sans
être Cassius ou Brutus. Les nombreux exemples relevés dans
la littérature contemporaine, dans les journaux, à la
télévision, à la radio ou sur Internet
témoignent quant à eux de la vitalité de ces
allusions, de leur usage — clin d'oeil à l'Histoire. Une chasse
au trésor passionnante à laquelle il ne manque pas un bouton de guêtre
!
Histoire du
célibat et des célibataires, Fayard, 2004 ;
Hachette, colelction Pluriel,
2007.
Tous les héros sont célibataires, même si, dans le
conte, ils finissent mariés et heureux avec beaucoup d'enfants.
Une
grande partie des écrivains, artistes, philosophes, savants,
sont des
célibataires, ou ont apporté leur contribution à
l'histoire de
l'humanité avant leur mariage. Et pourtant, le célibat ne
semble guère
avoir inspiré les historiens, sans doute parce ses contours sont
parfois difficiles à cerner.
Jadis, en dehors des ordres
sacrés, le célibat était une salle d'attente du
mariage où ne s'attardaient que les "vieilles filles" et les
"vieux garçons" plaints ou méprisés. Aujourd'hui,
c'est un mode de vie assumé, que reprennent à l'occasion
les gens mariés, que retrouvent tout naturellement les
divorcés. C'est un marché, aussi, qui s'est
développé de façon spectaculaire ces
dernières années.
Phénomène important
depuis le XVIIIe siècle, il est lié aux notions
émergeantes d'individu, de liberté, de droit au bonheur,
de réalisation personnelle... Une nouvelle forme de
sociabilité se constitue, dont le célibataire constitue
la cellule (clubs, associations, bandes...), alors que le couple
était le noyau des sociétés anciennes (clan,
tribu, famille...).
Ce livre tente de cerner cette
évolution en s'interrogeant sur les différentes images du
célibataire depuis l'antiquité jusqu'à nos jours
dans le monde occidental.
Histoire morale et culturelle de nos boissons
Laffont, 1991
"L'ignoble chope" - de
bière - a-t-elle tué l'esprit de Rabelais (le vin) et
celui de Voltaire (le café) ? On pouvait le penser en... 1872,
quand la boisson d'Outre-Rhin fut dénoncée au nom du
nationalisme revanchard. La boisson a suscité des passions que
nous avons parfois du mal à comprendre. Des rivalités
naissent : le bordeaux contre le champagne, Beaune contre Reims, la
bière contre le vin... Des croisades sont entreprises contre le
café musulman, la bière teutonne, le coca de
l'impérialisme américain... Des débats
surréalistes éclosent. Peut-on prendre du chocolat
pendant le carême ? Quel vin peuvent boire les femmes ? Le
chrétien peut-il accepter de voir la "mitraillette de l'enfer"
(le vin) sur ses autels ?
Derrière ces querelles d'image et ces conflits de
préséance, une riche mythologie nous montre l'ancrage
profond de la boisson dans nos moeurs et notre culture. Capable de nous
faire oublier politesse, amitié, intérêt et
instinct de survie, mais aussi de souder des amitiés ou de
nourrir une forme de mysticisme, la boisson rythme notre existence,
tour à tour adorée et honnie pour les mêmes fausses
raisons, en vertu de clichés millénaires ou de rites
immémoriaux.
Le livre étudie d'abord les réactions françaises
à l'introduction de nouvelles boissons : conflit de civilisation
avec le coca-cola, symbole de l'"american way of live" (1949-1953);
conflit nationaliste avec la première bière industrielle
venue d'Allemagne (1870-1886); conflit écono-mique lorsque le
café, le thé, le chocolat, menacent l'empire du vin
(XVIIe-XVIIIe siècles). Dans une même culture, dans un
même pays, d'autres dis-tinctions peuvent se mani-fester, en
fonction des sexes, des âges, des activités : y a-t-il des
boissons de femme, d'enfant, de soldat, de sportif ? Il faut alors se
pen-cher sur les images liées à chaque boisson. Sa
mythologie : Bacchus, Noé, le Christ et de nombreux saints
patronnent le vin, comme Gambrinus, saint Arnoul ou Cérès
la bière, Pomone le cidre, Mahomet le café, Darma ou
Bouddha le thé... Des impératifs économiques (le
lent apprivoisement de l'eau), techniques (le houblonnage de la
bière), religieux (l'expansion de la vigne) induisent alors de
nouveaux clichés, donc de nouveaux conflits.
Les boissons ne sont pas que des pommes de discorde.
Elles peuvent aussi rassembler : la convivialité du vin
(résurrections du banquet grec, tavernes, confréries...),
du café (révolution sociale du XVIIIe siècle),
voire de l'eau (les cures) sont une autre facette du génie des
boissons. Pour chacun, enfin, la boisson peut épouser un besoin
de dépassement, d'affirmation ou de révolte qui justifie
des comportements excessifs. Du groupe national au groupe culturel, de
la réunion d'amis à la consommation solitaire, nous
reposons la même question : pourquoi buvons-nous ?
Le troisième Testament, Roman,
Les Eperonniers, 1990, Prix Marcel Lobet 1991
Qui a tué Agnès, l'"ingénue" de la Compagnie des
Anges ? Pour le savoir, il faudra comprendre comment est morte
Belît, la grande-prêtresse mésopotamienne, pourquoi
Faustulus a tué son fils, et Isis, son dieu... Sylvain, jeune
Liégeois qui traverse candidement les pièges et les
perversions de la société parisienne, ne comprend rien
à
ce qui se passe. Mais parce qu'il est particulièrement sensible
aux rapports de force et aux tensions dans la troupe
théâtrale qui l'a accueilli, il restituera sans le savoir,
dans les nouvelles qu'il écrit, tous les éléments
psychologiques qui permettront à l'inspecteur de
débrouiller l'affaire.
Ce qui l'intéresse, pourtant, c'est de comprendre les causes et
les implications de son départ pour la capitale, à
travers le mythe de l'enfant exposé sur les eaux et recueilli
par un berger, une magicienne ou une reine. Les légendes de
Sargon, roi accadien du XXIIIe siècle av. J.C. confié
à l'Euphrate; de Romulus et de Remus, recueillis sur le Tibre
par le berger Faustulus; de Moïse sauvé des eaux, ou du
dieu
Thôt repêché dans le Nil par Isis la magicienne,
sont
autant d'explorations intérieures qui lui permettent de
définir sa propre quête; autant de miroirs
déformants où
se reflète son entourage. Parce qu'il ne voit la vie qu'à
travers le filtre de l'histoire; parce qu'il privilégie
spontanément
le meurtre rituel sur le crime crapuleux, il obligera l'inspecteur
à
envisager sous un nouvel angle l'assassinat d'Agnès.
Ni roman policier, ni roman historique, ni roman philosophique, le
récit devient une défense et illustration de
l'écriture et du rêve. La quête intérieure de
Sylvain débouchera sur le mysticisme athée pour lequel
est mort un homonyme, l'année de sa naissance. Et la
réalité soudain rattrape le rêve...
La Faute des Femmes, roman - 1989, Editions
des Eperonniers, Prix Rossel 1989
"Tu es la faute des femmes. Tu as tâché de retenir le
Seigneur en l'enfermant dans un linge blanc, dans un drap d'amour image
déjà de son linceul. Et tu es restée image,
immobile et figée tandis qu'il continuait sa route."
Véronique se plaint d'être la femme toujours
abandonnée, comme
la sainte qui emprisonna le visage du Christ au lieu de le suivre
jusqu'au bout de son Calvaire. Mais est-ce sa faute si, devant un amour
reçu comme une gifle quand elle pensait avoir atteint
l'âge de l'apaisement, elle a eu le vieux réflexe de la
femme soumise
? Christophe, si jeune, si beau, incarne ce bon-heur immaculé
auquel
elle avait renoncé de rêver. Pour le garder chaque jour
jusqu'au
lendemain, elle abdique. Vivre pour l'autre, par l'autre,
jusqu'à
s'anéantir : voilà la faute des femmes,
résumée
dans cette Véro-nique de la légende biblique qui n'est
plus une femme, mais un cadre à la Sainte Face qu'elle a
dérobée.
Pour comprendre, pour survivre à la rupture
devenue inévitable, Véronique interroge les femmes qui
ont jalonné sa vie; celles qui, comme elle, se sont perdues dans
un amour trop absolu. Edith (Piaf), triomphe de la femme, qui connut
avec Théo un amour complémentaire à
celui de Véro-nique pour Christophe. Julia (Daudet), à
la fois plénitude et regret de la femme, qui réussit
à
équilibrer son amour, mais au prix de ses propres ambitions
littéraires. Maria-Ana (Alcoforado), sacrifice de la femme,
payant toute sa vie
le bonheur d'avoir été un jour la "religieuse
portugaise".
Et jusqu'à cette mystique fla-mande qui sut du sacrifice
suprême tirer le su-prême triomphe : vivant au quotidien la
présence du Christ, L*** ne pouvait que s'effacer jusqu'à
l'anéantissement glorieux au contact permanent de l'infini.
Cellule monacale, cécité, jeûne prolongé
plusieurs années, voeu de silence,
refus de toute pensée, perte de l'identité et du nom...
Arrivée au fond d'elle-même, au bord de ce néant
qui la terrifie et la fascine, Véronique doit faire un choix. En
aura-t-elle la force ?
Les grandes allusions, Dictionnaire
commenté
des expression d'origine littéraire, Larousse, 1989.
Réédité sous le titre Les allusions
littéraires, puis Expressions d'origine littéraire.
"On ne badine pas avec l'amour...
Les affaires sont les affaires... Le paysan du Danube, un
problème kafkaïen, l'abîme de Pascal..." Autant
d'expressions qui, dans le langage contemporain, révèlent
notre goût pour les jeux
de mots et les clins d'oeil culturels. Mais sait-on encore d'où
viennent ces allusions extraordinairement vivaces ?
En hors-d'oeuvre, l'ouvrage propose une réflexion sur ces
allusions qui réveillent, comme la "petite madeleine" de Proust,
nos souvenirs de potaches... Mais si l'allusion puise ses sources dans
une culture commune, dominée par la littérature
classique, elle est, à la différence de la citation,
utilisée sans référence et souvent de façon
approximative. Bien vivante dans la langue, elle stimule les plumes des
orateurs
inventifs et suscite notre complicité, au détour d'une
conversation, d'un titre de presse, d'une chanson.
Plus de 700 allusions sont recensées. Pour 450
d'entre elles, un commentaire montre comment l'expression est
née
dans un contexte littéraire et historique précis pour,
progressivement, s'en détacher et se redéfinir au
gré
des discours, suivant les caprices de l'actualité. Le "paysan
du Danube" n'est plus l'orateur brillant sous des dehors rustres mis
en scène par La Fontaine, mais un homme empoté dans ses
paroles comme dans ses actions. Le "nez de Cléopâtre" ne
désigne plus ce "je-ne-sais-quoi" qui donne du charme à
une femme sans grande beauté, mais une petite cause
entraînant
de grands effets. On est étonné de retrouver le "coup
d'essai"
cher au Cid de Corneille dans le vocabulaire du sport de
l'époque
ou la "faute à Voltaire" chère au Gavroche d'Hugo...
dans une chanson politico-érotique de Béranger !
Triturée jusqu'à ne plus être reconnue, l'allusion
revient constamment sous la plume ou dans la bouche.
L'aide humanitaire au Liban pose-t-elle des problèmes politiques
? "Peut-on faire de la diplomatie avec de bons sentiments ?", commente
la télévision... Les pharmaciens se mettent-ils en
grève ? Ils tentent de "faire pleurer Margot sur leur sort",
susurre-t-on à la radio. Gide et Musset seraient peut-être
fiers de se reconnaître sous ces habits à la mode qui
rajeunissent leur silhouette... Un index permet, par la
multiplicité des
mots-clés, de retrouver ces allusions déformées.
La Naissance interdite,
Histoire de la
stérilité, de la contraception et de l'avortement au
moyen âge,
Editions Olivier Orban, 1988.
Une reine est
répudiée pour avoir eu des relations sexuelles avec son
frère : connue "à la manière des hommes", entre
les cuisses, elle n'en aurait pas moins conçu et aurait pris une
potion abortive... Dès le IXe siècle, le di-vorce de
Lothaire et de la reine
Teutberge pose les principaux problèmes qui hanteront le moyen
âge. Inceste, contraception élémentaire par
posi-tions
interdites, avortement criminel, impuissance du mari par
maléfice... L'Eglise se montre particulièrement
sévère pour
tout ce qui souille un sacrement (le mariage) et enlève une
âme
à la vie éternelle.
Pourtant, on est étonné de
l'extraordinaire richesse des recettes qui nous ont été
conservées. Par centaines, les plantes (censées)
contraceptives remplissent les traités de médecine
écrits cependant par des clercs, hauts dignitaires parfois de
l'Eglise. Le traité
le mieux documenté et le plus expli-cite est l'oeuvre d'un
médecin pontifical, Pierre d'Espagne, qui deviendra pape
lui-même sous le nom de Jean XXI. L'avortement ? Il est interdit,
bien sûr, mais si mollement. Juridictions civiles et
ecclésiastiques sont enclines à la clémence,
souvent même curieusement désarmées devant le
phénomène. Le roi ne se fait pas trop prier pour accorder
des lettres de rémission...
Quant à la stérilité, si elle
n'est guère mieux soignée au moyen âge que dans
l'antiquité ou à l'époque classique, la
malédiction qu'elle entraî-nait dans la
société
hébraïque a été levée, la
répudiation
possible dans les sociétés germaniques disparaît,
la méconnaissance de la stérilité masculine par
la médecine romaine fait place à un plus juste partage
des responsabi-lités... La femme stérile n'est jamais
seule
face à l'adversité.
A travers la littérature, les traités
médicaux, les coutumes juridiques, les sommes
ecclésiastiques, une autre image du travail sur la naissance se
profile à une époque que l'on croit trop soumise
à la dictature religieuse. Une autre image de la femme, aussi,
à qui l'on reconnaît, pour la première et
dernière fois dans l'histoire de la sexualité, le droit
au plaisir. Et peut-être une autre image du bonheur...
Histoire de la pudeur, Olivier Orban,
1986;
Plon Perrin, 1999; Hachette (coll. Pluriel), 1997
Si grande était la "pudicité" de
l'empereur Maximilien qu'il se retirait seul sur sa chaise
percée, "sans se servir de valets de chambre, ni de pages." Si
grande celle d'Isabelle de Castille, qu'elle mourut d'un ulcère
qu'elle n'avait pas
voulu montrer : il fallut même lui administrer
l'extrême-onction sous les draps, puisqu'elle ne voulait pas
laisser voir ses pieds. Et que dire d'Anne d'Autriche, qui fit
détruire plus de cent mille francs de tableaux
"indécents"; de Louis XIII, qui barbouillait les fresques de sa
chambre; de Mazarin, qui mutilait les statues ?
À l'opposé, que dire de la baronne de Montreuil-Bellay,
qui demandait à un de ses vassaux, quand elle se rendait
chez lui, de la porter sur ses épaules là où
lui-même allait à pied et de lui tendre, le moment venu,
la mousse qui tenait lieu de papier ? Que dire d'un roi qui recevait
ses courtisans sur sa chaise d'affaire, et qui demandait qu'au
théâtre
les sauvages fussent "habillés comme s'ils étoient
presque nuds" ?
Ces exemples nous invitent à étudier la
pudeur dans une perspective qui n'a pas encore été
exploitée : sa dimension historique. Elle permettra de fournir
d'autres réponses aux éternelles questions : quels sont
les rapports entre pudeur corporelle et pudeur des sentiments ? Y
a-t-il
une pudeur féminine et une pudeur masculine ? Pourquoi rougit-on
de sa nudité ? Et d'abord, qu'est-ce que la pudeur ?
Ecrit en la secrète , Apologues, Les
Eperonniers, 1992,
Photos de Philippe Ruelle, Préface de
Werner Lambersy
"Ecrire en la secrète : Sceller du sceau secret." L'usage d'un
sceau principal s'étant lui-même perdu, la secrète
n'a sans doute plus de raison d'être... Sinon celle de
désigner aux amis - tout lecteur ne l'est-il pas ? - les
écrits qui
viennent du fond du coeur. Tels sont ces apologues.
"Petite fable visant essentiellement à illustrer une
leçon morale", hasarde Robert. "Allégorie comportant un
enseignement de caractère souvent moral", surenchérit
Larousse. Tout est dans "essentiellement" et dans "souvent". Si, selon
la définition, cette fois, de La Fontaine, "le corps est la
fable, l'âme est la moralité", ces apologues se veulent
résolument charnels. Ils sont nés du simple plaisir de
conter,
de débrider un instant l'imagination entre deux voyages dans un
gros livre. Petites explosions de joie intellectuelle ou sensuelle, qui
sont au roman ce que la miniature est au tableau. Portrait d'un
être
cher caché au fond d'une tabatière, cinq sous de
Lavarède
ou, tout simplement, galet nacré ramassé sur la plage et
enfoui
dans une poche, ils n'ont d'autre ambition que l'éclair d'un
moment,
le sourire fugace.
Alors, la morale ? Pas d'index levé - ni d'auriculaire -
peut-être le pouce, pour ne pas garder la main fermée.
Mais écrire n'est jamais gratuit, et l'explosion, même de
joie, peut blesser. Il n'y a pas de leçon
prédigérée à retirer de ces apologues. Leur
éclair n'est pas celui de Dieu écrivant d'un doigt de feu
les commandements du Sinaï, mais celui du photographe qui
révèle dans l'obscurité
le visage de qui le regarde. Leur voix n'est pas la brillante sonate
dont les milliers de notes s'évanouissent au sortir du piano,
mais le son isolé d'une cloche qui résonne longuement
dans
un vallon retiré. Leur appel n'est pas une porte large comme un
chas d'aiguille, mais une clé qui s'adapte à chacun de
nous.
L'Evangile les aurait appelés paraboles; le moyen âge,
exempla;
la Renaissance, emblèmes; l'âge classique, fables...
Chaque
époque a senti le besoin de courts textes symboliques à
portée
morale. La différence, c'est que ces apologues ne contiennent
pas
une morale, mais autant de morales qu'ils compteront de lecteurs. Et
chacun
d'eux se sent près à accueillir mille milliards de
morales.
Le dit des
béguines, Plon, 1993.
Bourse Thyde Monnier de la S.G.D.L.,
1993.
Il est étrange, cet oiseau. De mémoire d'homme, on n'en a
jamais vu de pareil. Ses apparitions mystérieuses intriguent, et
focalisent les fantasmes de chacun : pour les uns, c'est une figure du
Christ; pour les autres, un émissaire du diable; pour le
sceptique, un oiseau exotique perdu par un jongleur; pour le mystique,
la renaissance perpétuelle de l'espoir mis à mort par
l'hydre humaine.
Reste que depuis qu'il est apparu à
Saint-Aubain, en mars 1176, les malheurs ne cessent de s'amonceler. Ils
ont même une propension à se concentrer sur la famille de
Jehanne... Alors, tout le monde, dans la région, se pose la
même
question : qu'a-t-elle fait pour mériter ces châtiments
divins
? Pourquoi, aussi, Lambert le Bègue, accusé
d'hérésie mais évadé de Revogne, s'est-il
réfugié dans la bourgade ? Songe-t-il déjà
à fonder ces "béguinages" qui porteront son nom, ces
petites communautés mi-laïques, mi-religieuses ? Accueilli
par son ancien maître Evrard, il est accompagné d'un
disciple exalté, Guy, qui veut connaître tout de suite,
même au prix de la mort, la sainteté à laquelle il
se sent appelé. Et si tous étaient porteurs, chacun
à sa manière, de l'oiseau blessé qui hante les
esprits
?
Ce roman de Jean Claude Bologne, au delà du romanesque de
l'histoire, est surtout l'étude de Liège à
la fin du XIIe siècle. A travers un personnage
caractéristique - Lambert le Bègue, revendiqué
comme fondateur par les béguines liégeoises - il montre
les réactions d'une société en état de
crise face à une évolution trop rapide de l'Histoire. Le
problème de
la principauté de Liège, majoritairement francophone mais
dans la mouvance de l'empire germanique, est abordé, mais
surtout celui de la multiplication de mouvements
évangélistes ou hérétiques, l'apparition de
nouvelles formes de piété qui provoque une crise
religieuse, grave et dramatique.
A travers les problèmes d'une société en
gestation, on retrouve ceux de notre temps. Dans un village imaginaire
d'Ardenne, Saint-Aubain, ou dans une grande ville d'Empire comme
Liège, les angoisses et les problèmes sont les
mêmes.
Techniques nouvelles, floraison d'idées hardies, corruption
des dirigeants, peur du lendemain... Et les réactions semblables
: émergence d'hommes neufs qui ont traversé la mort pour
ressusciter le futur, ou repli frileux sur une communauté
riche au moins de sa chaleur animale.
Et si l'espoir et la peur s'incarnaient en deux animaux mythiques,
l'Oiseau blessé et l'Hydre humaine, échappés au
mystérieux Livre de la destinée ? L'espoir : l'homme de
la ville, Lambert, et la femme délivrée du village,
Jehanne, émergent de la confusion générale.
Ensemble, ils fondent de petites communautés mi-laïques,
mi-religieuses, qui deviendront les béguinages. Mais l'hydre
humaine née avec l'oiseau de l'espoir exige aussi son tribut :
Guy, l'éternel adolescent hésitant devant les choix
fondamentaux de la vie. Jehanne, en quête de l'oiseau; Guy,
fasciné par l'hydre : les deux disciples ne savent pas qu'ils
font partie du même Livre...
Histoire du mariage en Occident, Ed. J.C.
Lattès, 1995, Hachette, coll. Pluriel, 1999.
Depuis quelques années, les
"valeurs traditionnelles" sont à la mode, qu'on déplore
leur perte ou qu'on s'en
réjouisse. Après "l'année de la famille"
proclamée
par l'O.N.U. en 1994 et quelques encycliques pontificales, il est temps
de faire le point sur une des plus vieilles institutions du monde
chrétien, le mariage. Celui-ci ne peut être abordé
que dans une perspective historique. La rupture est
particulièrement significative entre les conceptions antique et
chrétienne en ce domaine : unification des différents
types de mariage, interdiction de l'union libre, du mariage mixte, du
divorce, confusion entre célibat et virginité,
sacralisation du mariage... À tel point qu'on peut se demander
si la crise actuelle affecte le mariage en soi ou sa conception
chrétienne. Des solutions abandonnées depuis des
siècles ressurgissent spontanément. D'ailleurs,
l'unité du mariage chrétien apparaît moins dans une
perspective historique. La "crise" actuelle, qui se traduit par une
baisse constante du nombre des mariages, apparaît donc moins
comme un abandon de certaines valeurs que comme leur adaptation aux
mentalités actuelles.
Or, pour analyser cette évolution, les
bons
outils sont rares et anciens. L'histoire du mariage a surtout fait
l'objet
d'études partielles et spécialisées, soit dans une
époque
(le XIIe siècle avec G. Duby, le XVIIIe avec A. Fillon...), soit
dans
un domaine (le mariage canonique, le mariage civil, les coutumes
matrimoniales...). Il manquait un ouvrage qui donne de cette
évolution une vue d'ensemble et accessible à un large
public. Ce livre entend aborder tous les aspects du mariage : les rites
civils ou religieux,
les coutumes folkloriques, la législation et la juridiction
ecclésiastiques ou séculières, les rapports entre
mariage, sexualité
et amour, les réalités sociales (transmission du fief,
dot, mariages clandestins...), les interdits (empêchements,
annulation, divorce, union libre...). S'appuyant sur des textes anciens
comme sur les travaux sérieux des historiens actuels, il propose
des analyses claires qui évitent autant que faire se peut le
vocabulaire technique pour rendre accessibles à tous les publics
des réalités parfois complexes. Sans entrer dans la
polémique, il montre comment, à toutes les époques
de notre histoire, le mariage a été un miroir
fidèle de la société. Le livre se limite à
la société européenne (essentiellement
française à partir du XVIe siècle) depuis les
débuts du christianisme.
Requiem pour un ange tombé du nid,
roman, Fayard, 2001.
L'idée à l'origine
de ce roman était de construire un roman policier à
l'envers : au lieu de chercher le coupable, le lecteur serait
invité à rechercher la victime. J'ai choisi un milieu
fermé, celui de cadres dans la filiale française d'une
multinationale informatique. Une mort inexpliquée survient
dans le service et la famille en attribue la responsabilité
à
l'équipe. L'année 1999-2000, dans laquelle se noue le
drame,
nous est connue par les souvenirs lointains d'un collègue
victime
d'un accident cérébral, et qui a du mal à
reconstituer
ses souvenirs, et par des extraits d'un roman qu'un autre a
consacré
à l'affaire, en changeant les noms des protagonistes. C'est dans
le jeu entre les deux écritures et les deux séries de nom
que le lecteur est convié à retrouver la victime et
à
reconstituer l'affaire.
Mais s'il y a eu responsabilité collective, il n'y a pas
eu meurtre au sens judiciaire, et c'est dans l'ambiance du bureau que
réside la clé. J'ai donc commencé dans l'esprit
d'un
roman de mœurs, qui tente de reconstituer l'esprit d'une équipe
soudée autour de certains rites, comme les surnoms, les signes
de reconnaissance, la place dans les réunions, les "pots"
fêtant
les promotions, les départs, les arrivées... Petit
à
petit, on se rend compte que cet univers finit par envahir le quotidien
de ces jeunes gens qui se veulent dynamiques : ils restent de plus en
plus
de temps au bureau, n'ont pas le temps d'entretenir une vie
sentimentale
stable, sortent de plus en plus entre collègues, partent en
vacances
et vont au concert dans le cadre du comité d'enteprise, se
constituent
une culture commune qui leur tient lieu de vie. L'arrivée
d'Internet, qui pour les plus jeunes mobilise le rare temps libre qui
leur reste, achève de les déconnecter du monde et de les
enfermer dans un univers factice, ou virtuel. Il y a donc une satire
amusée de cet univers ludique, virtuel, dans lequel nous vivons
de plus en plus tout en proclamant la
suprématie du réel.
Un seul tente de conserver un pied en dehors du bureau, et sucite envie
et admiration chez ses collègues. Mais lui non plus
n'échappe pas à la nécessité de construire
son univers, aussi factice que celui du bureau. Le roman s'interroge
donc sur les limites entre la réalité et la convention :
la réalité existe-t-elle ? Est-elle supportable sans la
reconstruction que nous en faisons ? C'est cela, l'ange qui aide chacun
à vivre : une image forte à laquelle on croit comme
à Dieu, mais qui n'a pas plus
de réalité concrète. Ce n'est pas un petit enfant
avec
des ailes, mais ça peut être une idée forte. Pour
le
groupe, c'est l'entreprise, un concept impersonnel auquel ils ont tout
sacrifié
et qui existe parce qu'ils y croient. Pour celui qui veut y
échapper,
c'est une femme qu'il a idéalisée, et peut-être
même
inventée de toutes pièces, mais qui lui donne une
personnalité
qui lui manque par ailleurs. Lorsque ces anges tombent du nid, c'est
comme
si la vie n'avait plus de sens, le réel n'a plus d'âme, et
l'on
peut en mourir. Le coupable est celui qui a tué l'ange.
Pour un écrivain, l'ange est la certitude qu'on est le meilleur
de sa génération — sinon, quelle outrecuidance de
convertir des arbres en papier, de voler le temps des critiques et des
lecteurs, si l'on croit n'avoir écrit qu'une œuvre secondaire !
Et l'on peut aussi mourir de voir notre ange tomber du nid lorsqu'on
nous fait rL'idée à l'origine de ce roman était de
construire un roman policier à l'envers : au lieu de chercher le
coupable, le lecteur serait invité à rechercher la
victime. J'ai choisi un milieu fermé, celui de cadres dans la
filiale française d'une multinationale informatique. Une mort
inexpliquée survient dans le service et la famille en
attribue la responsabilité à l'équipe.
L'année
1999-2000, dans laquelle se noue le drame, nous est connue par les
souvenirs
lointains d'un collègue victime d'un accident
cérébral,
et qui a du mal à reconstituer ses souvenirs, et par des
extraits
d'un roman qu'un autre a consacré à l'affaire, en
changeant
les noms des protagonistes. C'est dans le jeu entre les deux
écritures
et les deux séries de nom que le lecteur est convié
à
retrouver la victime et à reconstituer l'affaire.
Mais s'il y a eu responsabilité collective, il n'y a pas
eu meurtre au sens judiciaire, et c'est dans l'ambiance du bureau que
réside la clé. J'ai donc commencé dans l'esprit
d'un
roman de mœurs, qui tente de reconstituer l'esprit d'une équipe
soudée autour de certains rites, comme les surnoms, les signes
de reconnaissance, la place dans les réunions, les "pots"
fêtant
les promotions, les départs, les arrivées... Petit
à
petit, on se rend compte que cet univers finit par envahir le quotidien
de ces jeunes gens qui se veulent dynamiques : ils restent de plus en
plus
de temps au bureau, n'ont pas le temps d'entretenir une vie
sentimentale
stable, sortent de plus en plus entre collègues, partent en
vacances
et vont au concert dans le cadre du comité d'enteprise, se
constituent
une culture commune qui leur tient lieu de vie. L'arrivée
d'Internet, qui pour les plus jeunes mobilise le rare temps libre qui
leur reste, achève de les déconnecter du monde et de les
enfermer dans un univers factice, ou virtuel. Il y a donc une satire
amusée de cet univers ludique, virtuel, dans lequel nous vivons
de plus en plus tout en proclamant la
suprématie du réel.
Un seul tente de conserver un pied en dehors du bureau, et sucite envie
et admiration chez ses collègues. Mais lui non plus
n'échappe pas à la nécessité de construire
son univers, aussi factice que celui du bureau. Le roman s'interroge
donc sur les limites entre la réalité et la convention :
la réalité existe-t-elle ? Est-elle supportable sans la
reconstruction que nous en faisons ? C'est cela, l'ange qui aide chacun
à vivre : une image forte à laquelle on croit comme
à Dieu, mais qui n'a pas plus
de réalité concrète. Ce n'est pas un petit enfant
avec
des ailes, mais ça peut être une idée forte. Pour
le
groupe, c'est l'entreprise, un concept impersonnel auquel ils ont tout
sacrifié
et qui existe parce qu'ils y croient. Pour celui qui veut y
échapper,
c'est une femme qu'il a idéalisée, et peut-être
même
inventée de toutes pièces, mais qui lui donne une
personnalité
qui lui manque par ailleurs. Lorsque ces anges tombent du nid, c'est
comme
si la vie n'avait plus de sens, le réel n'a plus d'âme, et
l'on
peut en mourir. Le coupable est celui qui a tué l'ange.
Pour un écrivain, l'ange est la certitude qu'on est le meilleur
de sa génération — sinon, quelle outrecuidance de
convertir des arbres en papier, de voler le temps des critiques et des
lecteurs, si l'on croit n'avoir écrit qu'une œuvre secondaire !
Et l'on peut aussi mourir de voir notre ange tomber du nid lorsqu'on
nous fait remarquer que notre génération est pleine
d'auteurs qui se croient les meilleurs.
Le mysticisme athée, essai, Le
Rocher, 1995.
Avec la fin des idéologies et l'essoufflement des dogmes
religieux, notre époque vit plus que jamais
l'écartèlement entre corps et âme,
matérialisme et spiritualité, quête du plaisir ou
du salut. On en connaît les excès, de la surconsommation
à l'attrait dangereux pour les sectes. Pourtant, des ponts de
plus en plus nombreux sont jetés entre
les deux factions. Le mysticisme est un de ceux-là.
Expérience intérieure, mais vécue avec toute la
violence d'une sensualité exacerbée, le
mysticisme a gêné les religieux, plus soucieux d'un Dieu
désincarné
et habiles à lire leurs mystiques selon "les exigences d'une
saine théologie" (sic). Même gêne chez les
athées, qui prétendent s'en tenir à un
matérialisme pur et dur. Pourtant, derrière le mot
"Dieu", il y a l'absolu, l'infini, que l'athée peut concevoir
aussi bien que le croyant. Mis au contact de cette
réalité essentielle, il peut connaître le
même type d'extase. Son véhicule ne sera pas la religion,
mais l'art, la communion avec le monde, la création, un
bouleversement intérieur...
Le livre part d'une expérience, à la lumière de
laquelle l'auteur a relu les mystiques chrétiens
médiévaux et les créateurs athées modernes.
Les premiers ont découvert un domaine dont Dieu (le Dieu des
théologiens) semble curieusement absent : ils "l'oublient", s'en
"désencombrent", s'en "libèrent", et les athées
peuvent les suivre sur ce terrain. Quant aux auteurs modernes, ils
exploitent sans le savoir les mêmes thèmes que les
mystiques médiévaux : le vide intérieur, la
liberté absolue, la quête de
l'unité, la communion cosmique, l'extase... Les rapprochements
sont significatifs.
Ce livre ne se veut pas un manifeste, mais un témoignage qui
parlera à ceux qui ont vécu la même
expérience, et la recherche de racines qui donnent des
références athées à un mysticisme trop
souvent résumé
à ses engagements religieux. Un appel à dépasser
la vieille dichotomie entre corps et âme.
Sans témoins, roman
érotico-théologique, Editions Zulma, 1996
Dans les
Chants de Maldoror , Lautréamont évoque les plaintes d'un
bâton oublié dans un bordel - en fait, un cheveu du
Créateur venu se débaucher parmi ses créatures.
Personne n'avait raconté cette nuit. L'auteur sait de source
sûre qu'il l'a partagée avec Thérèse
d'Avila.
L'érotisme de l'extase mystique est une tradition bien
ancrée
dans le christianisme comme dans toutes les religions.
Mais la religieuse n'est-elle pas officiellement mariée au
Christ ? Cet adultère avec le Père n'est-il pas de nature
à semer la discorde au sein de la Trinité ? Le
Créateur l'apprendra aux dépens de ses "témoins" -
testis ,
en latin, signifie à la fois "témoin" et "testicule". Une
vieille théorie allègrement racontée par
d'austères théologiens médiévaux nous
apprend que les testicules tordus que le Père tente de soigner
par tous les onguents de
Vénus sont l'apanage de l'Antichrist. Et nous voilà en
pleine guerre des dieux. Le Christ, soutenu par son armée (les
jésuites), fait la chasse aux testicules paternels, tandis que
le Père, allié dans son exil aux dieux antiques, tente de
restaurer une religion moins... castratrice. La bataille durera cent
ans et ne s'achèvera qu'en mai 1968.
Entre-temps, on aura expliqué bien des dessous
de l'histoire, de l'émergence du léninisme à
l'est à celle des golden-boys à l'ouest. On aura
assisté à d'épiques orgies entre dieux, dans une
crypte reconvertie ou dans une papymobile endiablée. On se sera
demandé, plus gravement, si la castration des créateurs
n'est pas un phénomène culturel de notre époque
auquel il serait temps de réagir...
Blasphématoire ? Oui, si le blasphème est bien le
"présage d'une nouvelle naissance", comme le veut
son étymologie (du grec blastos , "bourgeon", et
phêmê
, "présage")... Dans l'affrontement de deux mondes naît un
troisième - le nôtre, si nous le voulons. Et dans cette
querelle intime entre le Père et le Fils, la troisième
personne de la Trinité reste sagement absente. Car "tout
péché
ou blasphème sera remis aux hommes, mais le blasphème
contre l'Esprit ne sera pas remis."
Histoire des cafés et des cafetiers,
Larousse, 1993
| Des premiers vendeurs
ambulants de la foire Saint-Germain à notre moderne
"café-bar-brasserie"; du café à
la française, où brille la conversation, en passant par
le "café splendide" du siècle dernier, où la
bourgeoisie se montre, jusqu'au récent "café du
commerce", baromètre politique de plusieurs Républiques,
l'histoire des cafés est à la fois riche, passionnante et
multiforme. Depuis l'apparition des premiers établissements en
Europe (Oxford, 1650, Paris, 1671), qui correspond à
l'introduction du grain de café au milieu du XVIIe
siècle, jusqu'à nos jours, le café s'impose comme
le dénominateur commun des mentalités, des mœurs, des
goûts, d'une sociabilité française et
européenne en évolution constante.
Le club en Angleterre, la brasserie en Allemagne, la bottega da
caffè en Italie, le bistrot en France, le bar américain
sont autant d'aspects d'un même sujet, quasi mythique au point de
fasciner peintes, photographes, écrivains et poètes et
d'intéresser les architectes, des émules de
Viollet-le-Duc à Christian de Portzamparc, du café Riche
au café Beaubourg.
Mais l'histoire des cafés ne serait pas complète si elle
n'était pas aussi celle des cafetiers, celle de la dame de
comptoir au XVIIIe siècle, celle du garçon de café
au XXe siècle, dont le type légendaire a
été
immortalisé par Sartre.
Naturellement, cette Histoire des cafés et des
cafetiers de Jean Claude Bologne accorde une place de premier
plan
à l'image et à son commentaire iconographique. Plus
de 400 documents, dont 150 en couleurs, en provenance de plus de 10
pays illustrent en effet ce volume, également enrichi d'un index
des noms de cafés cités et d'une bibliographie
|
Le secret de la sibylle, roman,
Editions du Rocher, 1996
|
La sibylle ? Une vieille légende qui ne
nous concerne plus. C'est ce que pensait Daniel, jeune
représentant fier de sa réussite. Même sa femme est
devenue "confortable". Mais la peur entre chez lui le jour où il
achète une miniature médiévale symbole de son
ascension sociale. Tous les collectionneurs de feuillets
arrachés au même manuscrit ont été
cambriolés de manière inexplicable.
Soupçonné de complicité, le voilà contraint
d'enquêter de son côté, aidé par le
détective d'une compagnie d'assurance et l'inspecteur
chargé de l'enquête.
Un univers étrange se révèle à eux, celui
d'un manuscrit aux mystérieux pouvoirs, enluminé
selon des techniques empruntées aux grimoires
médiévaux. La légende de la sibylle, qui a
brûlé les livres de la sagesse faute d'en obtenir un bon
prix, s'incarne sous leurs
yeux : c'est désormais sur ces livres détruits que va
se focaliser leur quête. Obsédé par sa miniature
et par son angoisse, Daniel ne voit pas sa femme s'éloigner de
lui, puis le quitter. Son effort pour la rejoindre va le transformer
profondément.
Mais les deux quêtes - celle de la sibylle mythique et celle de
la femme perdue - ne sont-elle pas étroitement
liées ? La sibylle n'est-elle pas d'abord la voix qu'on n'a pas
voulu écouter en nous... et celle de la femme partie parce
qu'on ne l'entendait plus ? Pour entendre cette voix résonner
en lui, Daniel devra parvenir au vide intérieur, d'abord par
l'expérience brute du néant, puis en traquant toutes les
peurs que la société moderne a mises en lui. Quand
il sera réconcilié avec lui-même, il sera
prêt
a rencontrer "sa" sibylle... qui lui réservera d'autres
surprises.
Sur le modèle des romans initiatiques, mais prenant ses
distances avec l'ésotérisme nébuleux qui encombre
les bazars de la spiritualité, ce récit voudrait rappeler
la dimension mythique des grandes questions que se pose la
société moderne. Confrontés à des contes
initiatiques, les trois personnages, qui évoquent les trois
aspects
fondamentaux de l'homme (corps, âme, esprit), vont chercher en
eux-mêmes à formuler les questions et à
définir les réponses. Ils découvrent que la
vérité n'est qu'un grand livre blanc que chacun doit
récrire à son usage.
|
Voyage autour de ma langue, essai sur la
langue française, Belles Lettres, 2001
| Nous habitons notre
langue. Nous l'avons aménagée selon nos besoins, nos
émotions, nos habitudes. Si, parfois, nous la violons, nos
relations avec elles sont essentiellement du
domaine de l'amour, et de la jalousie. "Je connais ma langue",
rétorque-t-on volontiers à quelqu'un persuadé de
connaître la
sienne...
Ce livre est avant tout celui de ma langue et sa présentation
tient de la visite : les meubles en sont les structures fondamentales,
les habits en sont les modes qui en changent momentanément
l'apparence. J'aime choisir mes mots dans la garde-robe du vocabulaire,
les conjuguer dans le lit (conjugal !) de la syntaxe, vêtir ma
langue, au gré des modes, d'anglicismes (ses duffle-coat ), de
mots savants (ses uniformes) ou de néologismes
féminisés (ses jupes-culottes).
Mais peut-on être jaloux de sa langue ? Elle appartient d'abord
à tous ceux qui l'aiment. Ses amants sont mes invités et
m'enrichissent au moins des réflexions que suscite une
autre pratique. Langue bradée ou langue sacrée, le
français reste d'une étonnante vitalité à
une époque où des esprits chagrins le croient à
bout de souffle.
Ce livre se veut donc une promenade mi-sérieuse, mi-plaisante,
dans l'usage actuel du français, usage personnel ou usage
collectif. Le bonheur du lecteur devant de belles trouvailles,
l'enthousiasme de l'écrivain aux prises avec sa langue,
tempèrent la prudence de l'historien qui la regarde
évoluer ou l'agacement du professeur qui dort en chacun de nous.
|
Sherlock Holmes et le secret des lettres,
récits, Le Rocher, 2002
|
Ce livre reprend trois nouvelles, dont deux parues aux éditions
du Rocher sous le titre Le Chanteur d'âme (1997) et
Le Testament de sable (2001).C'est en hommage aux personnages
de Conan Doyle, mais surtout sur des thèmes qui me sont chers
depuis
mes premiers livres, que j'ai conçu ces trois récits
à
mi-chemin entre le pastiche et le conte initiatique. J'ai toujours
été
fasciné par les couples de personnages (Holmes / Watson; don
Quichotte / Sancho Pança...) qui résument la
dualité de notre monde moderne : une intelligence
supérieure, ou un idéaliste méprisant les valeurs
matérielles, et un bon vivant. A ce
couple corps / âme, le moyen âge, qui m'a formé
intellectuellement, ajoutait une troisième dimension : l'esprit.
Comment incarner cet "esprit", quand on revendique, comme moi, son
athéisme ? A travers un poète, qui ne réduit pas
son inspiration à l'intelligence ni aux sens corporels. J'ai
donc voulu confronter les célèbres détectives
à des poètes français de leur temps : Cros,
Lautréamont, Rimbaud, Jarry...
Le Chanteur d'âme.
Prenez un cerveau parfait comme celui de Sherlock
Holmes; ajoutez-y un médecin, le docteur Watson. Vous obtenez un
duo d'une efficacité éprouvée pour résoudre
les affaires criminelles classiques. Corps et âme, matière
et esprit. Que leur manque-t-il ? Le petit grain de folie, de
poésie, qui transforme en quête leur enquête. C'est
ce que j'ai
voulu leur donner grâce à un troisième larron,
Charles
Cros, poète et génial inventeur mort en 1888 à
l'époque où Holmes commence à faire parler de lui.
À eux
trois, ils perceront le mystère le mieux gardé de la
diplomatie vaticane : pourquoi une équipe de cardinaux est-elle
prête à tout pour retrouver les tessons de
mystérieux vases contemporains du Christ ? Sur les pas d'un
garde suisse terrorisé par le secret dont il est malgré
lui dépositaire, sur les traces d'un potier légendaire
témoin d'une révélation inconnue, ils se
retrouveront face à eux-mêmes dans un monastère en
ruines de la mer Morte.
Le Testament de sable.
Au retour de leur expédition en Terre
sainte, Sherlock Holmes raconte au docteur Watson comment il a
rencontré
Charles Cros, qui appartenait à la même confrérie
que Lautréamont, celle des Terminateurs. Cet ordre spirituel
possède certains livres d'une nature particulière qui,
sous l'étiquette générique de "Testament de
sable", sont transmis de génération en
génération, peut-être depuis les paroles inscrites
par le Christ sur le sable dans l'épisode de la femme
adultère. Mais l'exemplaire de Lautréamont contenait des
informations sulfureuses sur la famille impériale russe, et les
services secrets du
tsar sont prêts à tout pour le récupérer. Il
a été déposé dans un couvent de la
région parisienne, où se noue alors une étrange
affaire...
|
L’arpenteur de mémoire, Fayard
(coll. Alter Ego)
| C’est dans le cadre d’une
collection d’autobiographie fictive que j’ai écrit ce
roman : quel personnage aurais-je été à une autre
époque ? Pour le médiéviste, pas de
doute : c’est au XIIe siècle que je serais né. Pour
l’athée, naître dans un monde totalement chrétien,
c’est partir à
la quête de Dieu à travers le monde... et en
soi-même. Mon narrateur, aidé de son écuyer, a
l’idée de tracer vers l’infini deux sillons parallèles
avec l’espoir qu’ils se
rapprochent et se rencontrent. Mais s’il croit arpenter un monde
médiéval, plat jusqu’à l’abîme entourant
l’Océan, le lecteur moderne, au contraire, identifie des
continents que le voyageur ne peut connaître. On se rend compte
qu’en allant droit devant lui, sur
une terre sphérique, il reviendra sur ses propres pas. Mais
transfiguré
: celui qui ne regardait que son sillon à son départ a
appris à s’ouvrir au monde, et aux autres. En même temps,
j’ai voulu que ce voyage initiatique se situe à
l’intérieur de lui-même, des pieds à la tête,
parce qu’on ne peut s’ouvrir à
l’autre sans se connaître soi-même. Et si Dieu,
c’était
l’autre ?
|
Le frère à la bague,
Le Rocher, 1998. Poche : Labor,
2006.
Extraits, presse
|
"J'ai deux fils qui sont tous deux fous, l'un fou de dévotion et
l'autre fou pour les vers et pour le théâtre", disait
François Arouet, petit notaire devenu receveur alternatif et
triennal
des épices, vacations et amendes de la Chambre des Comptes
à
Paris.
Le cadet, François-Marie, entrera dans l'histoire sous le
nom de Voltaire. Quant à l'aîné, Armand, il prend
sagement la succession de son père comme trésorier de la
Chambre des Comptes. Il passe toute sa vie dans son logis de fonction,
dans le Palais de la Cité, face à la Sainte-Chapelle. Et
il se perdra à jamais parmi les anonymes de l'histoire.
Sa folie de la dévotion ? Après un passage rapide au
séminaire, il semble l'avoir oubliée. Pourtant, lorsqu'en
1732 éclate l'affaire des convulsionnaires de
Saint-Médard, elle l'enflamme à nouveau pour ces
mystiques et ces escrocs qui accomplissent de spectaculaires miracles
sur le tombeau du diacre Pâris. Et lorsque l'autorité
civile intervient, ferme le cimetière de Saint-Médard et
pourchasse les convulsionnaires, Armand leur ouvre les portes de son
hôtel.
Dans le Palais de la Cité ont alors lieu les séances les
plus surprenantes, guérisons inouïes, lévitation,
insensibilité au feu ou aux coups d'épée... Le
receveur des épices signe de sa main les comptes rendus
déposés devant notaire, tandis que son frère
Voltaire se répand
en bons mots et épigrammes contre le fanatisme.
Comment est vécue cette étrange fraternité entre
le philosophe et le dévot ? Très mal, bien sûr.
Voltaire est l'élève des jésuites; Armand des
jansénistes. L'un se prétend fils d'un poète qui
séduisit la
belle notairesse; l'autre est le digne héritier d'un père
despotique et brutal. L'un renie son nom et s'adonne aux lettres;
l'autre
assure la survivance d'une charge dévolue aux chiffres. L'un
court
de femme en femme et de logis en logis; l'autre se replie,
célibataire
endurci, sur l'hôtel familial. L'un cherche la reconnaissance de
l'histoire; l'autre, celle de son temps.
Mais de ces deux fous en quête d'un ciel différent,
qui est la nuit et qui le jour ? Pourquoi, s'ils se haïssent si
cordialement, éprouvent-ils le besoin de convaincre, de sauver
l'autre ? Pollux, dit-on, partagea son éternité de dieu
avec son jumeau Castor, fils d'un mortel et voué à la
mort.
C'est cette fascination pour un monde qui contredit point par point le
nôtre que j'ai voulu évoquer en ressuscitant ce couple.
C'est en sondant l'enfer de l'autre que chacun va reconnaître le
sien. La dénonciation va alors faire place à une
interrogation
angoissée sur l'éternité, le temps, la
mémoire.
À partir des maigres traces laissées par Armand Arouet
dans l'histoire, du volumineux dossier des convulsionnaires et de la
pléthorique documentation sur une époque riche en
bouleversements,
j'ai tenté de composer un portrait qui aujourd'hui encore puisse
nous
poser les questions essentielles.
|
Les sept vies de maître Eckhart, Le
Rocher, 1997.
|
Qu'est-ce qui peut fasciner un athée dans
le
discours de maître Eckhart, théologien allemand
(1260-1327)
? Sa mystique du néant a réveillé des échos
très
personnels d'expériences adolescentes. Mais il n'était
pas
question de dénaturer une fois de plus une pensée
déjà
bien sollicitée par les commentateurs. J'ai voulu au contraire
la
restituer dans son époque, dans le contexte historique, social,
culturel,
spirituel qui explique la vie et l'œuvre du dominicain.
" Il sembla en rêve à un homme qu'il était
gros de néant comme une femme est grosse d'un enfant, et dans ce
néant, Dieu naquit : il était le fruit du néant,
Dieu était né dans le néant."
La mystique du néant a atteint un sommet en Occident avec
maître Eckhart, à la rencontre de la tradition extatique
grecque et de la tradition latine, plus tournée vers
l'introspection.
Sans doute est-ce ce qui explique le succès de sa pensée
dans le monde moderne, fasciné par l'Orient mais attaché
à la pensée occidentale. Devant la
récupération
dont il fait l'objet, il est important de le restituer dans son cadre
historique.
Maître Eckhart, pour qui la béatitude réside
dans la connaissance et non dans l'amour, nous invite aussi à
réhabiliter l'intellect après trois siècles de
cartésianisme. Loin de la raison analytique qui dissèque
au risque de perdre le sens au profit de significations parcellaires,
"le connaître intellectif, selon lui, procède en
épurant et parvient jusqu'à
l'étance de la chose dans sa nudité." Il conduit à
une connaissance pure et unique, plutôt qu'à un savoir
morcelé.
Cette biographie spirituelle montre comment sa pensée est
étroitement dépendante de la théologie, de la
science et de la mystique de son époque.
|
L'Homme-fougère, roman, Fayard,
2004.
|
Peut-on vivre sans son passé ? Le narrateur, Louis
Lefebvre, en est convaincu, d'autant que le sien est plutôt
encombrant. Mais lorsqu'un inconnu l'aborde et lui propose de lui
racheter sa mémoire à prix d'or, le doute s'insinue en
lui. Pourquoi tout cet argent pour quelque chose d'aussi inconsistant
que des souvenirs somme toute bien banals ? Est-il possible, de s'en
débarrasser en les vendant ? De détruire, comme on
réinitialise un disque dur, la mémoire involontaire ?
C'est son corps, tout à coup, qui se rebelle : lui aussi a
gardé trace du passé.
Et lorsqu'il
se retrouve mêlé au meurtre d'un autre inconnu
intéressé par son passé, Louis comprend que sa
mémoire est devenue l'enjeu d'un conflit d'intérêts
sans merci. Il s'effraie. Le monde, dont il ne s'est jamais vraiment
préoccupé, éclate de toute part. Il se voit pris
dans un réseau international de terrorisme et de
contre-espionnage. Comment sa vie a-t-elle soudain
interféré avec le cours du monde ? Le meurtre prend alors
une autre dimension : se débarrasser du passé, c'est
assassiner le futur. Et Louis Lefebvre est en cela emblématique
d'un monde qui, en se coupant de sa mémoire, ne parvient plus
à construire son
avenir.
Sous les dehors d'une enquête
policière, c'est une réflexion sur l'enfermement d'un
homme et du monde dans un présent réduit à la
pointe de l'instant que décrit ce roman. Comme la flèche
qui n'a pas de raison d'être sans un arc et sans une cible, Louis
se retrouve suspendu dans un temps figé, immobile. Sans le
savoir, il est devenu le premier personnage fractal de la
littérature !
|
Le marchand
d'anges, contes, Le Grand Miroir, 2008.
|
Et vous,
comment changeriez-vous le monde ? Jehan, sur le
chantier des cathédrales, taille la pierre de joie, la pierre de
douleur. Mais peut-il sculpter la pierre de vie ? Les enfants qui
croient aux anges les promènent comme des ballons, mais que se
passerait-il s’ils venaient à leur donner vie ? Les personnages
de conte peuvent donner forme au néant, mais ils ne le
maîtrisent pas toujours. Les forces
déchaînées risquent de nous dépasser. Les
créatures évoquées finissent par s’incarner. Les
martiennes nymphomanes affolent les confesseurs, les momies
dépecées réinvestissent d’autres corps, et le roi
qui peut-être n’a jamais existé règne plus
sûrement dans tous les cœurs. La frontière entre la
réalité et le réel est vite franchie, et il n’y a
pas de carte routière pour se repérer au pays de
l’imaginaire ! Certains osent tourner la page et entrer de plain-pied
dans la fiction ; d’autres préfèrent prendre sans joie le
dernier train pour le retour. Ils auront au moins fait
l’expérience de l’ailleurs. Ils sauront si, au-delà de la
vallée de larmes, le soleil existe... même s’il doit
affoler et tuer le caméléon qui tâcherait de
reproduire sa couleur.
Extrait
Articles : Michel Host |
Haut
de page
L'ange des larmes, roman,
Calmann-Lévy, 2010.
|
« Le Christ recolle l’oreille
du
soldat mutilé et avertit son disciple : celui qui use du glaive
périra
par le glaive. Cela lui avait toujours semblé absurde : le
pêcheur du
lac de Tibériade n’avait pas de raison de porter un glaive. Un
couteau,
en revanche, c’est plausible. Il reste que saint Pierre est mort
crucifié, et non par le glaive. Une prophétie du Christ
non avérée,
cela fait désordre. »
Parce
qu’une faute de l’archange
Cassiel
empêcha jadis cette prophétie de se réaliser,
celui-ci fut condamné à
errer en silence parmi les hommes jusqu’à ce que le glaive
retrouve son
fourreau, jusqu’à ce que le cycle de la violence prenne fin – et
que
l’expérience humaine parvienne à son terme.
Sa route va finir par croiser
celle
de
Pierre, un jeune noble révolté pris dans l’exaltation du
Paris
d’après-Commune. Là, alors même que l’Histoire –
à moins que ce ne soit
le baron Teragon, l’adversaire diabolique de Cassiel – décide du
régime
à venir de la France, et plus encore, Pierre va devoir choisir
qui
écouter, de l’ange des larmes ou du démon, pour accomplir
sa destinée…
Une œuvre forte, à fleur
de
peau, qui n’est pas sans évoquer Le Maître et Marguerite
de Mikhail Boulgakov.
(Éditeur)
Extrait
Articles
Haut
de page
|
Pudeurs féminines,
essai, Seuil, 2010.
|
« La pudeur, N’est-elle pas toute la femme ? »,
demandait Balzac. Même dévêtue, celle-ci conserve ce voile de pudeur
invisible qui distingue, pour les moralistes, la femme honnête de la
dévoyée. Bel éloge de la féminité, mais lourde responsabilité qui a
souvent contribué à l’effacement de la parole et du corps féminins. La
pudeur féminine a en occident une histoire spécifique, retracée ici
depuis l’antiquité grecque. Aujourd’hui, pourtant, on la résume souvent
dans une opposition binaire entre impudeur et pudeur : d’un côté, la
femme-objet, dont la chair exposée est réduite à un pur objet de désir
; de l’autre, la femme cachée, vêtue jusqu’au bout des ongles. Dévoilée
ou voilée, la nudité féminine est érotisée, suscitant la honte ou le
désir. L’exacerbation des positions est la conséquence naturelle de
cette réduction abusive. Chacun se bat au nom de la « liberté » de la
femme, les uns estimant que le voile l’emprisonne ; les autres, que le
dévoilement l’asservit au désir masculin. Je rappellerai donc cette
troisième dimension, celle du voile naturel et invisible qui révèle la
femme, afin de retrouver et de réhabiliter, loin des débats biaisés,
une chair déculpabilisée et une pudeur faite de respect |
Histoire de la coquetterie masculine, essai, Perrin, 2011.
|
"Coquetterie : Se dit le plus souvent
des femmes", précisent les dictionnaires. Étonnant paradoxe, puisque la
coquetterie renvoie étymologiquement au cri du coq, mâle par
excellence, aux couleurs chatoyantes. Le mot apparaît au XVe siècle,
mais la pratique est bien plus ancienne. L'auteur la définit comme la
recherche de singularité par l'artifice dans l'apparence. Et dans ce
domaine, les hommes n'ont pas été en reste : mignons, marjolets,
muguets, dandys, zazous, punks n'ont souvent au cours des siècles rien
eu à envier aux femmes en fait d'accoutrements, coiffures, parfums,
fards et bijoux, mais au risque de paraître efféminés. Car la
coquetterie est aussi, socialement, un agent de différenciation des
sexes et, individuellement, une attitude face à la vie et à soi-même.
C'est ce que démontre magistralement Jean Claude bologne en révélant, à
travers l'histoire, les deux faces de la coquetterie masculine,
fascinante d'un côté, répulsive d' l'autre."
(Éditeur). |
Histoire de l'hôtel de Massa, SGDL, 2012.
|
Siège de la Société des Gerns de Lettres depuis 1929,
l'hôtel de Massa a été déplacé en 1927-1928 des Champs-Élysées aux
jardins de l'Observatoire, où il s'élève encore aujourd'hui. Mais il
avait déjà une longue histoire. Bâti en 1778-1784 par Jean-Baptiste le
Boursier, architecte de renom, pour un administrateur des Postes,
Thiroux de Montsauge, il abrite des hôtes illustres, depuis le duc de
Richelieu Fronsac jusqu'au troisième duc de Massa, qui lui a laissé son
nom. Entre les deux, sa situation idéale sur les Champs-Élysées l'a
désigné comme siège d'ambassade : d'Italie (1802-1814), d'Autriche
(1814-1826) ou de Belgique (1842-1848). Au cours des réceptions, des
bals masqués, des banquets, des visites officielles, il a vu défiler
les têtes couronnées et les noms les plus illustres d'Europe. La
révolution de 1848 s'est déclenchée sous ses fenêtres, lors d'un bal
resté célèbre comme le dernier de la royauté française... Le duc de
Massa, compositeur mondain, en a fait une salle de concert pour ses
œuvres. « Autrefois, c’étaient des fêtes de l’élégance et du plaisir.
Aujourd’hui, c’est la fête de l’esprit », résume un journaliste lorsque
la Société des Gens de Lettres s'y installe. Doté d'un mobilier Art
déco classé monument historique, comme les murs, c'est désormais un haut lieu de la vie littéraire parisienne. |
Une mystique sans Dieu, Albin Michel, 2015.
|
Peut-on vivre une expérience fulgurante de l’absolu sans l’associer
nécessairement au vocabulaire et à l’imaginaire religieux ? Pour avoir
vécu un tel événement, Jean Claude Bologne, poète, romancier et
essayiste, ose répondre par l’affirmative à cette question a priori
incongrue : « Le mot Dieu ne m’a jamais traversé, écrit-il. Parlons de
joie ».
Depuis une
quarantaine d’années, intrigué par cette étrange possibilité d’une
illumination qui ne soit pas « divine », il n’a eu de cesse d’explorer
dans l’histoire et la littérature les signes d’expériences semblables.
Et contrairement à l’idée convenue d’un lien consubstantiel entre
mysticisme et religion, il s’est découvert partie prenante d’une vaste
famille d’athées, et d’agnostiques et même de croyants ayant connu de
tels épisodes sans pour autant leur accoler le nom de Dieu :
Apollinaire, Bataille, Borges, Ionesco et Nietzsche côtoient ici
Mallarmé, Proust et tant d’autres, dans une fresque brillante qui donne
à penser à tous – croyants ou incroyants. Il nous fait ainsi partager
une tout autre vision de la mystique, ouverte et adogmatique.
Quelques articles
Extraits
|
Histoire du couple, Perrin, 2016.
|
On étudie traditionnellement le
couple à travers le prisme du mariage. Or celui-ci n'est qu'une forme
de couple parmi d'autres, rejetant à la marge ce qui lui échappe :
concubinage, amour libre, Pacs, relation extraconjugale, mais aussi
fratrie, compagnonnage médiéval ou amitié exclusive. Notre imaginaire
associe pourtant Castor à Pollux plus qu'à sa femme Hilaïre, Montaigne
à La Boétie et Rodin à Camille Claudel.
D'abord multiples, les unions se sont progressivement cristallisées
autour de la notion d'amour héritée d'une conception chrétienne et
exclusive du couple. Cette alliance indissoluble, révolution qui ne
s'est pas imposée sans heurts, a inscrit le couple idéal dans la durée.
Mais en définitive, qu'est-ce que le couple ? Comment se forme-t-il et
sur quoi repose-t-il ? Les enjeux de nos sociétés modernes (libération
de la femme, reconnaissance de l'homosexualité...), l'évolution des
mentalités (libertinage, individualisme...) et les récentes réformes
législatives (Pacs, mariage pour tous...) ont-ils modifié sa conception
?
Entreprenant de lui rendre son ampleur, Jean Claude Bologne retrace
pour la première fois son histoire de l'Antiquité à nos jours. Concise
et clairvoyante, cette grande synthèse élargit le champ de réflexion
d'un sujet de tout temps fondamental. Car si l'institution matrimoniale
est en crise, le couple comme nouvelle forme de sociabilité n'a jamais
été aussi florissant.
|
Histoire du coup de foudre, Albin Michel, 2017.
|
Ramsès II a presque soixante
ans lorsqu’il tombe amoureux au premier regard d’une jeune princesse
dont il fait aussitôt son épouse : voici le premier « coup de foudre »
historiquement attesté. Trois mille ans plus tard, Stendhal, qui trouve
l’expression ridicule, en convient : « La chose existe ». Aujourd’hui,
elle est loin d’être remise en question ! Mais comment s’explique cette
mystérieuse et soudaine attirance entre deux êtres ? Par la sensibilité
ou la science (des atomes crochus… ou des phéromones) ? Le surnaturel
(la flèche
de Cupidon… ou l’intervention du Malin) ? Une pure attraction physique
ou un phénomène chimique ? Si le coup de foudre conserve toute sa part
de mystère, Jean Claude Bologne en donne une lecture aussi inattendue
que pertinente. En s’appuyant sur de nombreux récits empruntés à
l’Histoire, à la légende et à la littérature, son enquête soulève au
passage un passionnant paradoxe : notre époque cultive
l’individualisme, la sécurité et le rationnel, mais elle ne rêve que de passions « enchaînantes », de surprises et de risques…
|
Histoire du sentiment amoureux, Flammarion, 1998.
|
Jacob ou l'amour du patriarche... Pétrarque ou l'échec de l'amour...
Bayard ou la survivance chevaleresque.... Flaubert ou l'essoufflement
romantique...
En Europe, la
passion amoureuse est devenue idéal de vie avant de constituer, au XIXe
siècle, la condition même du mariage. Elle a été célébrée par les
poètes, les romanciers, les peintres et les illustrateurs, analysée
sans relâche par philosophes et théologiens. Cet ouvrage retrace
l'évolution du sentiment amoureux, de Platon jusqu'à nos jours.
Beaux livre illustré.
|
Histoire du scandale, Albin Michel, 2018
|
«
Nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour
les païens » écrivait saint Paul aux Corinthiens. Il se réclamait
pourtant d’un Christ qui avait dit : « Malheur à l’homme par qui le
scandale arrive ».
Deux mille ans plus tard, l’ambiguïté du mot « scandale » se manifeste
avec fracas dans nos sociétés surmédiatisées. De l’art contemporain aux
caricatures journalistiques, des questions de mœurs aux grands procès
criminels, d’affaires d’Etat en affaires sanitaires, les scandales
ponctuent notre actualité et heurtent les consciences dans un monde qui
se croyait sécularisé mais demeure tributaire de valeurs intouchables.
C’est à ce paradoxe et à ses multiples significations que se consacre
avec érudition, humour et finesse Jean-Claude Bologne, dont les
nombreux ouvrages ont exploré l’histoire de la pudeur, celles du
célibat, de la conquête amoureuse, de la coquetterie masculine. Les
contradictions de notre temps, où s’indigner est devenu une vertu mais
où surgissent de nouveaux carcans moralistes, sont mises au jour dans
cet essai à la fois rigoureux et… délicieusement scandaleux. |
L'âme du corbeau blanc, maelstrÖm, 2019.
|
Il n’est plus temps de
s’inquiéter. Est arrivée l’évidence. Et maintenant ? Repartir de rien ?
Non, des enfants ont été protégés. Peu. Sous la garde de quelques
adultes. Et puis ? Et puis, il faut de la patience, de l’espoir. La
conviction que le niveau de l’acide baissera. Qu’il faudra alors
trouver le moyen de franchir ce mur de diamant expansé qu’il leur est
interdit d’approcher. Et puis, pour retrouver quoi ? Un discours des
origines ?
Lorsque la plume d’un Jean Claude Bologne s’attache à un genre tel
celui du roman d’anticipation, on ne peut s’empêcher, face au vertige
qui s’empare du lecteur, d’y lire de curieuses prophéties.
Et si nous étions condamnés à manger des corbeaux ?
Et si tout ceci n’était que le rêve éveillé d’un corbeau blanc ?
(Otto Ganz)
Le Carnet et les Instants, 5 avril 2019 : Véronique Bergen
Le Soir, 30 mars 2019 : Pierre Maury
RTBF (Radio), La Première, Jour Première, 19 mars 2019, 9h30-10h : François Heureux.
RTBF (TV), La Trois, Livrés à domicile, 9 avril 2019, 23h, Thierry Bellefroid.
La lectrice à l'œuvre : Christine Bini
RTC, Culture L : 23 mai 2019 Françoise Bonivert
|
Ce
matin, nous avons ouvert le Monde. J’aime ce mot que nos ancêtres ont
donné à la fosse primordiale, celle du premier coup de pioche asséné à
la terre vierge, quand ils fondèrent la cité. J’aime que le tout et le
rien portent le même nom (Mundus).
Par un acte, par des mots, le rite nous relie à l’homme primordial : en
cela, il nous concerne tous. Chaque culture, chaque époque a produit
ses rites spécifiques : en cela, chacun est particulier. Mais s’il ne
s’incarne pas en chacun de nous, le rite n’est qu’un folklore plus ou
moins pittoresque : pour cela, j’ai voulu vivre à la première personne
ces vingt-six rites issus du monde entier et de tous les temps,
espérant que chaque lecteur les revivra à sa manière. Car chacun nous
parle de l’essentiel : notre rapport au monde, à la société, à nous, à
l’absolu ou au néant.
Articles
Dans ce livre il y a des clefs.
Le mythe du Frère lombard, d'abord, ce faux jumeau qui est à la fois notre double et notre être inversé.
Le Jour du dépassement, ensuite, ce Nouvel An cannibale qui arrête à
une date précise du calendrier le jour où l'être humain et ses
activités ont épuisé les ressources renouvelables de l'année en cours
de la planète Terre.
Puis il y a Jarry, Tintin, la Bible, des éléments de la Cabale... et un
singe qui rote quand on évoque Dieu et pète quand on parle d'amour...
Ces clefs ouvrent une à une et en parallèle à la fois des portes. Sur quoi donnent ces portes ?
Sur un labyrinthe.
Celui qui pourrait être le dédale de toute existence.
Dont la nôtre.
Antoine et David. David et Antoine. Frères lombards, l'un dans la lumière, l'autre dans l'ombre. Oui. Mais lequel ?
Presse
Serge Cabrol dans Encres vagabondes juin 2021
Pierre Maury dans Le Soir 3 juillet 2021
Christine Bini dans La lectrice à l'œuvre, 4 juillet 2021
Véronique Bergen, dans Le Carnet et les Instants, 30 août 2021.
Alain Kewes dans Décharge, avril 2022.
Légendaire, Le Taillis Pré, septembre 2023
"Il est un peuple
dont les doigts sont des couteaux et les dents des hachoirs. Il ne
distingue pas la paix de la guerre, la haine de l’amour. Il se méfie
des caresses autant que des duels. Il ne parle qu’à mi-mot, mais ne
donne que des avis tranchés. Et quand il vous embrasse, il cicatrise
les plaies à petits coups de langue."
Comment s’ouvrir à l’autre,
dans ce qu’il a de plus surprenant ? Écouter les arbres nous
aidera-t-il à rebâtir dans la croissance un monde ravagé ? N’avons-nous
pas tous rêvé d’ajouter aux listes closes un élément qui les
outrepasse, une huitième merveille, un sixième sens ? Telles sont les
questions que nous posent ces trois séries d’apologues, pour nous
inviter à sortir de nos certitudes. « Il est un peuple » se plaît à
explorer les formes les plus improbables du vivant. « Ce que content
les arbres » invite le rescapé d’une humanité anéantie à inscrire un
nouveau monde dans l’écoute de la Nature. « Le roi rebelle » prolonge
dans l’imaginaire les expressions stéréotypées comprenant des séries
limitées où l’homme d’aujourd’hui ne trouve plus sa place. Entre poésie
et petit conte fantastique, l’apologue nous invite à explorer en nous
la pensée symbolique pour répondre aux grandes angoisses du monde
contemporain.
Presse
La lectrice à l'œuvre : Christine Bini
Le carnet et les instants : Charline Lambert
Boojum : Mathias Lair
Emprises, les contes du père Susar, maelstrÖm reEvolution, octobre 2023
Belgiques, Ker Éditions, octobre 2024.
Belgiques est une collection de recueils de nouvelles. Chaque
recueil, écrit par un seul auteur, est un portrait en mosaïque de la
Belgique. Des paysages, des ambiances, du folklore, des traditions, de
la gastronomie, de la politique, des langues… Tantôt humoristiques,
tantôt doux-amers, chacun de ces tableaux impressionnistes est le
reflet d’une Belgique : celle de l’auteur. Trois recueils sortiront
chaque année. Trois recueils et donc trois auteurs.