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Dictionnaire
commenté des expressions
d'origine
biblique
Les Allusions
bibliques
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Larousse, 1991, rééd. 1999.
Et si nous
rendions à César ce qui lui
appartient ? Les allusions bibliques
sont
légion dans notre
langue, et si nous ne le
crions pas
sur les toits, pourquoi les
garder sous le
boisseau,
comme si elles étaient
écrites
sur
le sable ?
Qui cherche trouve
: en
passant au crible l'ancien et le
nouveau Testament, Jean Claude Bologne, grand curieux
devant l'Eternel, a recueilli
à gauche et à droite plus de 450
allusions,
des plus connues aux plus inattendues et nous les apporte
sur un plat d'argent.
Certaines, sorties de l'usage,
nous rappellent cependant que notre littérature, de Racine
à Rimbaud, à puisé à l
'eau vive de
la Bible. Nous ne passerons plus pour des
Philistins
en confondant le
manteau de Joseph avec
celui d'
Elie ou celui de
Noé... D'autres,
vieilles
comme Hérode, sembleraient des
sépulcres
blanchis si la langue ne se chargeait de les revivifier constamment.
Les notices mentionnent la forme
moderne et le sens actuel de l'allusion, accompagnés d'un
exemple, des références précises et d'un
commentaire qui la restitue dans son contexte biblique, historique et
mythique. Ainsi, au delà du plaisir - ou de la surprise - des
commentaires, l'ouvrage contribue-t-il à une meilleure
connaissance des textes bibliques. Il fournit un éclairage
indispensable à la compréhension de nombreux textes
littéraires et de nombreux thèmes iconographiques. Et
nous découvrons que nous pouvons nous nourrir à l'
arbre de la connaissance tout en grappillant
voluptueusement dans les
vignes du Seigneur...
EXTRAITS
Rendre à César ce qui est
(appartient, revient...) à César
(NT) Matthieu 22, 21; Mc 12, 17; Lc 20, 25 - Donner à chacun ce
qui lui est dû - "Rien ne sort, l'estomac se fait tirer l'oreille
pour rendre à César ce qui appartient à
César." (Valérie Rodrigue, La peau à l'envers,
Laffont,
1989 p. 62) [jeu de mots sur "rendre" et "vomir"]. L'allusion peut
être
déformée : "rendre à Pâris ce qui revient
à
Pâris." (Giraudoux, Guerre de Troie, II, 12)
- Les pharisiens, pour piéger le Christ, lui demandent s'ils
doivent payer l'impôt à César. S'il acquiesce, il
sera désavoué par le peuple, qui le prend encore comme
porte-parole de sa révolte contre Rome. Mais s'il dit de ne
pas payer l'impôt, il sera dénoncé comme factieux
aux Romains. Jésus demande aux pharisiens de lui apporter un
denier; il y montre l'image et le nom de César et conclut :
"Rendez donc à César ce qui est à César et
à Dieu
ce qui est à Dieu." La réponse est dans la logique d'une
doctrine qui pro-clame le détachement des richesses et la
quête
d'un royaume qui n'est pas de ce monde. Elle est surtout habile : les
pharisiens, ils viennent de le montrer, ont de l'argent romain; ils ont
donc l'intention de payer l'impôt et leur question n'était
qu'un piège. Jésus en fait ne tranche pas la ques-tion,
puisqu'il s'adresse
à ceux qui, de toute façon, allaient s'acquitter de leur
obligation. Il dit simplement que ce n'est pas au fils de Dieu de
ré-soudre
un problème politique. Sa prudence a évolué chez
Paul, qui conseille explicitement de "se soumettre aux pouvoirs
établis" : "Rendez à tous leur dû : à qui
l'impôt, l'impôt; à qui le paiement, le paiement;
à qui la crainte, la crainte; à qui l'honneur, l'honneur
(Rm 13, 7)." L'Eglise peut dès
lors se bâtir sans devenir un ferment d'agitation sociale mais
sans
nier ses valeurs fondamentales : celui à qui on doit
l'impôt
n'est pas nécessairement celui à qui on doit l'honneur...
Les persécutions qu'endureront les premiers chrétiens
tiendront
surtout à leur refus de considérer l'empereur comme une
divinité.
Légion (Se nommer légion,
être légion)
(NT) Marc 5, 9; Lc 8, 30 - (Vx) Etre complexe;
peut
se dire d'un homme, d'une association, qui semble n'avoir qu'une
personnalité
unique sous laquelle se cache une réelle diversité - "Il
y
a deux êtres dans le grand homme : l'un, celui qui meurt, est
borné, incomplet, sujet à faillir; l'autre, celui qui
survit, est tout impersonnel; il représente un siècle ou
une vérité; il se nomme légion." (Lanfray, L'Eglise
et les philosophes, LAR) - "Ce quelqu'un - qui est légion -
prétendait pour
sûr être absolument moderne, hors papa-maman, sans
attaches..."
(Frans De Haes, dans Ecritures de l'imaginaire, Labor, 1985, p.
96).
- Un démoniaque s'étant approché de
lui, Jésus le délivra. Mais au mo-ment où il
demandait le nom du diable qui l'habitait, celui-ci répondit :
"Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux." On a parfois
parlé de la naïveté du démon et
appliqué l'allusion à ceux qui ne connaissaient pas leur
nom. Plus souvent, elle symbolise la complexité de la nature
humaine.
Crier sur les toits
(NT) Matthieu 10, 27 - Proclamer partout - "C'est
une histoire vraie. Si je te la raconte, c'est que j'ai l'intention de
la crier sur les toits." (Eric Rohmer, Conte de Printemps , 1990).
- Ainsi Jésus définit-il la tâche de
ses apôtres : "Ce que je vous dis dans les
ténèbres, dites-le dans la lumière, et ce que vous
entendez à l'oreille, criez-le sur les toits (praedicate super
tecta )" (La Pléiade). Il ne faut pas oublier que dans les pays
méditerranéens, les toits plats servent de terrasses :
l'image est donc celle d'un enseignement qui sort de l'ombre de la
maison et qui se répand en pleine lumière sur les hommes.