Aaron, verrière de Notre-Dame de Chartres (détail) photo J.C.B.
Aaron : frère de Moïse, premier
grand prêtre d'Israël. Ses attributs font
référence à ce choix. Les bâtons des douze
princes ("premiers" de chaque tribu) ayant été
déposés sur l'autel, seul
le bâton d'Aaron a reverdi. Aaron porte un bâton
bourgeonnant,
la tiare des prêtres et le pectoral des
grands prêtres.
Albarel : pot à pharmacie au départ cylindrique, taillé dans une branche d'arbre (d'où son nom, calqué de l'italien albarello). Lorsqu'il
sera fabriqué en céramique, il prendra la forme enflée d'un cruchon
sans anse, ou avec une légère inflexion concave pour être pris en main
sans glisser. Il est destiné à recevoir des onguents. C'est donc
l'attribut des pharmaciens (en particulier de saint Damien, leur patron), des saintes femmes venues au tombeau embaumer le Christ, et surtout de
Marie-Madeleine, en souvenir du repas de Béthanie, durant lequel elle
versa un parfum de nard très précieux sur la tête du Christ (Mt 26,
6-13 ; Mc 14, 3-9). Ce geste, destiné à racheter ses péchés par un don précieux, a été considéré comme l'onction prophétique qui fait de Jésus le Messie (Messiah en hébreu, Christos en grec, Unctus en latin ont la même signification : "oint").
Allégorie, symbole, attribut, exemple, emblème :
diverses manières de représenter des idées
abstraites
ou d'identifier des personnages.
Selon l'analyse classique d'Henri
Corbin, "L'allégorie est une figuration plus ou moins
artificielle de généralités et d'abstractions qui
sont parfaitement connaissables et exprimables par d'autres voies." Il
s'agit le plus
souvent d'une figure féminine (donc qui ne porte pas de
signification par elle-même) qui prend sens selon les attributs
qu'elle porte
(une femme portant une ancre est l'allégorie de
l'Espérance). L’allégorie est arbitraire (l’attribut est conventionnel) et univoque (elle a une interprétation unique).
"Le symbole est l'unique expression possible du
symbolisé, c'est-à-dire du signifié avec
lequel il symbolise. Il n'est jamais déchiffré
une fois pour toute. " Selon son étymologie, le symbole est la
partie visible d'une réalité immatérielle avec
laquelle il forme un tout indissociable (le symbolon
servait souvent de tessère d'hospitalité : un objet brisé en deux
permettait à un hôte de reconnaître un visisteur qu'il ne connaissait
pas, mais qui produisait la partie brisée du tessère). Le symbole n'est
donc que la moitié visible de la réalité et forme avec elle un tout
indissociable (le chien et la fidélité). Il porte donc sens par
lui-même. Le chien est le symbole de la fidélité ;
le pélican ressuscitant ses petits est le symbole de la
Charité, mais aussi du Christ...
Associé à une
allégorie, un symbole
devient souvent un attributs et sa signification se fige. Un pélican surmontant une figure
féminine
est l'attribut de la Charité dans l'allégorie de Bruegel.
Le coq , les clés... sont des attributs de saint Pierre, mais
ils
ne sont pas des symboles de saint Pierre.
L'exemple est la représentation d’une entité abstraite par une scène (épisode historique, légendaire, quotidien...) la mettant en œuvre.
L'emblème
est la représentation d'une idée abstraite sous forme d’une allégorie
accompagnée d'une légende en forme de sentence. On appelle aussi
emblème un attribut détaché d’une allégorie, qui donne l'identité d’une
personne ou d’un groupe.
Voir la page consacrée au symbole.
Alliance : voir Testament
Ammonitore : voir Embrayeur visuel.
Analyse : voir Description
Anastasis. Mosaïque de Torcello, basilique Santa Maria Assunta (fin XIe-début XIIe s.)
Anastasis
(άνάστασις, "montée") : dans l'art chrétien oriental, le terme désigne la
résurrection du Christ. Dans l'art chrétien occidental, il désigne
plutôt la descente du Christ aux limbes des enfers. Le sujet, né dans
l'art oriental (VIe s.), illustre un passage de l'évangile apocryphe de
Nicodème (IIe - IVe s.). Deux ressuscités, Carinus et Leusius,
racontent comment le Christ est venu les délivrer entre le jour de sa
mort (le vendredi saint) et celui de sa résurrection (le dimanche de
Pâques). Il s'inscrit dans le thème universel de la descente d'un dieu
ou d'un héros aux enfers. Armé de la croix de la Résurrection (alors
que pour les théologiens, il n'est pas encore ressuscité), le Christ
tire Adam par le poignet (voir restitutor)
et marche sur les portes de l'enfer en écrasant Satan (parfois
disposées en croix). Il plante sa croix dans gueule de Léviathan.
Anaxyrides. Ravenne, Sant'Apollinare Nuovo, mosaïque du VIe siècle
Anaxyrides (pluriel du grec anaxuris, ἀναξυρίς,
même sens) : "pantalons"
orientaux
des mages (iraniens), collants, ou resserrés aux chevilles,
souvent bariolés. À l(origine, les Grecs appellent ainsi les pantalons
des tribus barbares (y compris les braies des Gaulois), mais surtout
des Perses, qui leur semblent embarrassants au combat (voir Hérodote,
liv. V, § 49). La tradition primitive fait des mages (ils ne sont
appelés rois qu'à partir de Tertullien, au IIe siècle, mais la couronne
ne s'impose vraiment qu'à partir du Xe siècle dans l'art chrétien) des
prêtres d'origine orientale (le terme désigne la classe sacerdotale des
Mèdes). L'iconographie leur donne alors les vêtements communs chez les
astrologues itinérants du bassin méditerranéen : anaxyrides perses,
bonnet phrygien, tunique courte et longue cape.
Aniconique : au sens large, qui n'accepte pas les représentations imagées, en particulier, désigne un art d'où
la figure humaine est exclue.
Ancien Testament : partie de la
Bible qui traite de l'histoire du monde depuis sa création et du
peuple hébreu jusqu'au IIe s. av. JC. environ, selon les livres
canoniques*. 39 livres (compte large) conservés en hébreu
et dix livres conservés en grec (deutérocanoniques*)
Apocryphe : à l'origine (du grec apocruphos, ἀπόκρυφος, "caché"), se dit d'un texte qui ne se lit pas dans les synagogues ou les églises parce qu'il a été rejeté du canon*. Cela
ne
signifie pas que son contenu
est contesté, mais qu'on ne se prononce pas sur son authenticité.
Beaucoup de textes apocryphes sont utilisés dans l'art chrétien et les
thologiens les plus sérieux peuvent y faire référence. D'où le sens
plus large du terme aujourd'hui : est apocryphe un texte
qui
ne porte pas la signature de son auteur, attribué faussement
à un auteur. Par exemple : l'évangile de Marc est canonique, mais
l'évangile secret de Marc est apocryphe, de même que l'évangile de
Jacques ou de Thomas. Dans le corpus biblique, les textes apocryphes
sont (au moins) trois fois plus nombreux que les textes canoniques.
Apôtres, du grec apostolos (ἀπόστολος, "envoyé") : les douze disciples
du Christ dans le Nouveau Testament. Après la trahison de Judas,
un douzième est élu (Matthias), mais dans les
représentations, on lui préfère souvent Paul,
"l'Apôtre des Nations". Un apôtre a en effet connu directement le
Christ. On considère alors que l'éblouissement de Paul lors de sa
conversion lui a fait voir le Christ, qu'il n'a pas connu de son
vivant. Ne pas confondre les apôtres et les évangélistes : deux
(Matthieu et Jean) sont à la fois des apôtres et des
évangélistes ; deux évangélistes (Marc et Luc) n'ont jamais été
apôtres.
Arbre de Jessé, lectionnaire grec du cardinal de Bourbon, vers 1480-1482, Paris, B.n.F., Gr. 55
Arbre de Jessé :
thème iconographique apparu au XIe siècle d'après
une prophétie d'Isaïe et une analyse de Tertullien (IIe
siècle). Il représente, sous la forme d'une arbre, la
généalogie du Christ issue de la "souche" de Jessé
(père de David). Il peut compter jusqu'à 27 personnages,
dont 15 rois de Juda, jusqu'à Joseph, "époux de Marie,
mère de Jésus". La Vierge apparaît comme la "fleur"
de cet arbre dont le Christ est le fruit. Les colombes qui l'entourent
représentent les 7 dons du saint Esprit selon la
prophétie d'Isaïe (11, 1) : "Puis un rameau sortira du
tronc de Jessé,
et un rejeton naîtra de ses racines. L'Esprit de l'Eternel
reposera
sur lui : l'Esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et
de
force, esprit de connaissance et de crainte de l'Eternel. Il respirera
la
crainte de l'Eternel (= la piété)."
vitrail de Notre-Dame de Chartres,
XIIe siècle, détail, photo J.C.B. :
Jessé endormi, le menton sur la main,
coiffé du bonnet pointu des juifs,
a la vision, symbolisée par la lampe
et la tenture écartée,
d'un arbre, sortant ici d'entre ses cuisses
Arrière-plan : voir fond.
Ascendance : l'ensemble
des ancêtres (à l'inverse de la descendance, ensemble
des générations postérieures). L'ascendance
davidique
désigne le fait de compter David parmi ses ancêtres.
Attribut : voir allégorie.
Aumusse (chanoine)
Aumusse : Tissu ou fourrure qui
peut être posé sur la tête (par exemple pour
supporter une couronne) ou servir de coiffe. Dans ce cas, retombant
derrière
les épaules et empesée derrière la tête,
elle
est caractéristique du chanoine (deux formes d'aumusses de chanoines ci-dessus).
Bible : en grec, biblia est
le pluriel de biblion, βιβλίον, "livre". La Bible est un ensemble de
livres constituant le canon* des religions hébraïque,
catholique, protestantes, orthodoxe. On y distingue l'Ancien* Testament
et le Nouveau* Testament. Voir la fiche détaillée.
Bible des pauvres (Biblia pauperum)
: bibles destinées non pas aux "pauvres", qui ne peuvent pas lire, mais
aux "pauvres clercs" et étudiants, qui ne peuvent en acheter une
complète. Elles contiennent la vie du Christ mise en parallèle avec les
prophéties et les scènes de l'Ancien Testament : une scène du Nouveau
Testament correspond systématiquement à deux typologies de l'Ancien
Testament et à quatre prophéties. Cette répartition correspond aux
trois grandes lois (loi naturelle et loi de Moïse dans l'Ancien
Testament, nouvelle loi) et aux trois âges du monde (Sub natura, sub lege, sub gratia).
Mais on peut y voir un symbolisme numérique souvent explicité à
l'époque médiévale : une seule vérité (le Verbe) reposant sur les deux
colonnes du Temple, soit une vérité trinitaire (3, Dieu dans son
Temple), et répartie dans les quatre directions du monde (4, nombre de
la terre, de la matière, des évangélistes), soit 7 scènes (nombre de la
complétude). Ces bibles apparaissent dans le dernier quart du XIIIe
siècle et sont ilustrées à partir XVe. D'autres livres de même nature
apparaissent à la même époque et ne doivent pas être confondus avec les
bibles des pauvres (bibles moralisées, Speculum humanae salvationis...). Voir la fiche typologie.
Brigitte de Suède (sainte)
: de famille royale, veuve à 46 ans en 1347, elle se rend
à
Rome et en Terre sainte, où elle a des visions publiées
en
1370. Celles-ci auront notamment une grande influence sur les
représentations de la Nativité. Elle a aussi fondé
l'ordre du Saint-Sauveur et est patronne de la Suède.
cales : nouée, dénouée, portée sous un chapeau
Cale : petit bonnet
très courant au moyen âge, de lin, de soie, de gaze (ci-dessus)... le plus souvent
blanc, qui retient les cheveux et se noue sous le menton. Il est porté
seul ou sert de support à un chapeau ou à une couronne. Ses dérivés
calot, calotte sont restés d'usage.
camauro (Benoît XVI) porté seul ou sur la clémentine (Clément X)
Camauro : bonnet
de velours ou de satin, plus correctement : cameluccio (en
latin : camelacium, du grec καμηλαύκιον, parce qu’en poils de chameau à
l’origine). La confusion s'est faite avec un bonnet de forme inconnue nommé camaurum, camaldum et jadis synonyme de tiare. Le terme camauro
est aujourd'hui entré dans l'usage. C'était au départ une coiffure de
moine,
attestée dans l’iconographie au IXe siècle, en quatre pièces de tissu
(velours l'hiver, satin l'été), assez basse pour recouvrir les oreilles
et protéger du froid. Mais elle est
réservée au pape à partir de 1464 et portée
jusqu’à Pie VI. Fréquente dans l'iconographie pontificale
entre
le début du XVIe s. et la fin du XVIIIe s., elle apparaît
encore
sporadiquement jusqu’à Jean XXIII. Benoît
XVI l'a remise à l'honneur en 2005 (ci-dessus). Les formes en ont varié
selon les modes. Aux XVIe-XVIIe, une
variante, la clémentine, est fort à la mode (du nom de Clément
VII ou Clément VIII), mais
elle est parfois considérée comme une autre coiffe,
puisque Clément X portait la
clémentine sous le camauro (ci-dessus). Usage exceptionnel : ces mots
sont le plus souvent utilisés comme synonymes. (voir l'article que lui
consacre l'Annuaire pontifical catholique en 1901, t. IV, p. 76-81).
Canon : en grec, κανών signifie "roseau" (cf. canne à sucre, "roseau qui produit
du sucre"), canne, règle (parce que le roseau est droit)...
Au figuré, le canon désigne une liste d'ouvrages reconnus
par une autorité (p. ex. : le canon alexandrin, liste d'auteurs
classiques dressée par les grammairiens d'Alexandrie).
Canoniques (livres) : dans la
Bible, se dit des livres retenus par une autorité
religieuse (catholique, protestante, orthodoxe, juive...) pour la
version officielle. Le canon catholique est celui du synode romain de
382, confirmé par le concile de Trente en 1546.
Caroche, Pedro Perruguete, Saint Dominique présidant l'Inquisition (ca 1500),
(détail) Madrid, musée du Prado
Caroche (carocha) :
bonnet des condamnés au bûcher par l'Inquisition. Sorte de mitre en
carton où l'on peignait des démons (si le condamné ne s'était pas
rétracté), des flammes (s'il s'était rétracté après son jugement) ou
une croix de saint André (s'il s'était rétracté avant son jugement). On
pouvait y ajouter des inscriptions rappelant les motifs de la
condamnation. Le San Benito (grande casaque sans manches) du condamné était orné de la même manière.
Chaperon
Gilles de Rome, Le Régime des Princes,
B.n.F., Fr. 126, fol. 7 (détails)
Chaperon : couvre-chef très fréquent entre le XIIe et le XVIe siècle. C'est une sorte de cagoule composé de trois parties : le guleron, qui recouvre la gorge et les épaules, la visagière, qui recouvre la tête et qui peut également recouvrir le visage, la cornette (ou coquille),
longue queue pendant dans le dos. Le chaperon se porte de multiples
manières. Lorsqu'il est enfilé, la visagière est le plus souvent
ramenée vers l'arrière pour laisser voir le visage; elle le recouvre
lors des deuils (les pleurants des tombeaux en donnent un exemple
classique). La cornette peut se porter dans le dos, ramenée sur
l'épaule, enroulée... Au XVe siècle, on porta beaucoup le chaperon sans
l'enfiler, le guleron formant au échafaudage élégant au-dessus de la
tête (voir les deux manières de le porter sur la même illustrant un livre de Gilles de Rome).
Charon : voir Fleuves de l'enfer
Croix : la croix latine (crux
immisa) est composée du stipes (poteau vertical, qui pouvait rester planté dans le sol entre deux crucifixions) et
d'au moins une traverse (patibulum, où sont fixés
les bras du crucifié). On peut y trouver un titulum
(inscription portant le nom du condamné et le motif de sa
condamnation), un suppedaneum
(planche où sont cloués les pieds) et exceptionnellement
un sedile (planchette qui permet de s'asseoir). Le suppedaneum
n'est pas historiquement attesté, mais fréquent dans l'iconographie de
la crucifixion entre le IXe et le XIIIe siècle. Dans les croix
orthodoxes, il est incliné. Le sedile est historiquement attesté, mais caché par le corps et fait rarement partie du symbolisme de la croix.
Le stipes
restait fiché en terre d'un crucifiement à l'autre. En général, il
était peu élevé (les loups mangeaient les crucifiés) : c'est la crux humilis destinée
aux esclaves. Mais pour des crucifiés "de marque" (non pas les
nobles, la croix est un supplice infamant, mais ceux qui doivent être
vus par tout le peuple pour l'exemple), on peut utiliser la crux sublimis,
plus haute. Le moyen âge hésite entre les deux sortes de croix pour le
Christ, mais plus on s'avance vers la fin du moyen âge, plus la croix
élevée l'emporte.
On lie le condamné au patibulum et il doit le porter jusqu'au lieu d'exécution. Le portement de croix est donc en principe un "portement de patibulum". On accroche le patibulum au stipes, en haut (croix en Tau) ou aux trois-quarts (croix latine, immissa).
Là aussi, les deux représentations se trouvent, mais on trouve presque
toujours la croix latine pour le Christ, ce qui permet de placer le
titulus sur la branche supérieure. Les larrons sont souvent sur des
croix en Tau, voir à des arbres, à la fin du moyen âge : cela permet de
jouer avec les corps torturés quand on maintient une certaine décence
dans la représentation du Christ.
Le sedile,
un siège étroit qui permet de retarder l'étouffement et donc de
prolonger le supplice, est rarement utilisé, et rien ne dit qu'il l'a
été pour le Christ. Il est exceptionnellement représenté.
Le suppedaneum est un ajout chrétien qui apparaît sporadiquement, surtout aux VIIe-XIe siècles.
Le titulus est la
pancarte sur laquelle Pilate a fait écrire en trois langues (latin,
grec et hébreu) "Jésus de Nazareth, roi des Juifs" (Jn 19, 19). C'est
l'identité du supplicié, son origine et le motif de sa condamnation :
la coutume romaine est par ailleurs bien attestée. L'inscription
apparaît en toutes lettres sur les crucifixions carolingiennes et
romanes, ce qui entraîne un titulus très large. À partir de la 2e
moitié du XIIIe siècle, ou bien il est absent, ou l'inscription est
réduite à INRI, initiales de la formule latine (Iesus Nazarenum rex
Iudeorum ), ou à IHS, qui apparaît à cette époque sur les émaux
limousins. Sans doute les premières lettres de Iesous (IHCOYC), nom
grec de Jésus, mais le H (Eta grec) ne fut pas compris et interprété de
diverses façons : le plus souvent Iesus Hominum Salvator.
croix de gloire.
Mausolée de Galla Placidia à
Ravenne (mosaïque du Ve siècle)
La croix apparaît dans les cieux à la
fin des temps pour la résurrection de la princesse.
Croix de gloire (parfois
appelée sphragis, σφραγίς, "sceau") : croix triomphale, qui fait
allusion au signe de Dieu qui apparaîtra dans le ciel à la
fin des temps, ou à la signature de Dieu (d'où son nom de
sphragis) tracée sur le front des élus chez
Ezéchiel et dans l'Apocalypse attribuée à Jean.
Les croix gemmées (ornées de pierres précieuses)
véhiculent le même symbole.
Croix patibulaire
(parfois
appelée stauros, σταυρός) : gibet du Christ.
dalmatique
Dalmatique : tunique à
manches larges, qui fut celle des empereurs romains ou des rois de
France.
Comme vêtement liturgique, elle se reconnaît aux deux
échancrures sur les côtés. Elle fait partie des
vêtements liturgiques revêtus par l'évêque ou
le pape durant la messe,
les jours de
fête (sous la chasuble) mais, portée comme vêtement
de dessus, elle est caractéristique des diacres (dessin).
David : roi d'Israël (royaume
unifié) beau-fils de Saül, père de Salomon. On le
reconnaît à sa harpe (il est l'auteur des Psaumes). Aux
côtés de Salomon, c'ést généralement
le plus vieux. Parmi les épisodes qui ont pu inspirer
l'iconographie, le combat contre Goliath est le plus connu (il abat le
géant avec sa fronde).
Description, analyse, interprétation : Panofsky (Essais d'iconologie, 1939) distingue trois étapes dans l'interprétation de l'œuvre d'art :
- Description pré-iconographique
qui décrit les motifs indépendamment de leur signification. Elle fait
appelle aux données sensorielles (essentiellement visuelles) pour
décrire les éléments de la représentation avec un vocabulaire précis.
Elle demande donc une connaissance générale issue d’une culture
commune. Elle peut s’appuyer sur une comparaison interne avec d’autres
éléments de la représentation.
- Analyse iconographique qui
déchiffre les motifs selon leur signification traditionnelle. Elle fait
appel à une expérience personnelle, qui identifie les éléments décrits
grâce aux connaissances de l’analyste. Elle peut faire appel à la
comparaison externe avec d’autres représentations issues du même
milieu, de la même époque… Elle identifie des éléments perturbateurs
(écart formel) qui s’écartent du traitement habituel.
- Interprétation iconologique
qui voit dans l'œuvre le témoin des valeurs symboliques d'une
civilisation. Elle tente d'analyser l'art dans sa relation dynamique
avec la société qui l'a produit, de reconstituer un contexte qui
dépasse les connaissances personnelles et nécessitent une recherche.
Elle fait appel à des informations extérieures, figuratives ou écrites,
contemporaines ou issues des travaux de chercheurs.
Voir la fiche développée.
Déterminants :
Termes (ou expressions) qui précisent les caractères distinctifs d’une
figuration (en particulier d’un personnage). Leur but est d’aider à la
recherche thématique, en particulier dans les bases de données
informatisées. Ils ne se confondent pas avec une description
préiconographique. Ils ont été définis par François Garnier (Thésaurus iconographique, système descriptif des représentations, Paris : Le Léopard d’Or, 1984)
Quatre grands types :
1) Déterminant de
position : il détermine l’attitude du personnage par rapport à lui-même
: position du corps (assis, couché...), position des membres (bras
levé, en flexion...)
2) Déterminant de situation : il détermine la place
du personnage dans le tableau : Situation formelle (en médaillon, en
avant-plan, en arrière-plan, en abîme...), situation matérielle
(intérieur, extérieur, dans les airs...)
3) Déterminant de signification : il détermine le
sens particulier donné à un personnage : Relation thématique (
appartenance à un cycle narratif, volet d’un polyptyque, scène
allégorique, scène de genre, nature morte…), Finalité (comique,
instructive, moralisante,...), Manière (à l’antique, à l’orientale,
académique…), Vraisemblance (réaliste, anachronique, de fantaisie…). A
manier avec précaution (l'humour de l'un n'est pas celui de l'autre...)
4) Déterminant d’exécution : essentiellement pour les portraits (ad vivum, rétrospectif, imaginaire)
Deutérocanoniques
: dix livres de l'Ancien Testament conservés en grec,
rejetés des canons* hébraïque et protestant, et
accepté
des canons catholique et orthodoxe.
Deutéroparousiaque : qui concerne la deuxième (deutéro) apparition (parousie)
du Christ, à la fin des temps, juste avant le Jugement dernier.
Synonyme de "seconde parousie". Par extension, on peut trouver le terme
dans des contextes qui concernent plutôt le jugement dernier. Par
ailleurs, la parousie (παρουσία) désignant à l'origine la première
présence du Christ (lors de son incarnation) a de plus en plus tendance
à désigner le retour du Christ à la fin des temps (seconde parousie).
La cité de Dis, Delacroix,
La barque de Dante, 1822 (détail)
Dis (Dité) :
nom donné par Dante à une cité des enfers (Divine Comédie, Enfer, chant
VIII, v. 68) au-delà du Styx : « S’appressa la città ch’ha nome
Dite » (« Nous approchons de la ville qui se nomme Dis
(Dité) »). Dante et Virgile y sont conduits sur la barque de
Phlégias (ne pas confondre avec Charon, qui fait traverser l'Achéron,
non le Styx). La ville, avec ses dômes ("mosquées") et ses murailles
rougeoyantes, se retrouve dans les représentations de l'enfer à la fin
du Moyen Age. On a pris l'habitude de désigner ces châteaux embrasés
sous le nom de Dis, même si le rapport avec Dante est loin d'être
établi.
Dismas. Maître de l’autel de Rahradského,
Crucifixion,
Moravie, 1420, Prague, Národní galerie.
Dismas (Dysmas) : le "bon larron",
crucifié à droite du Christ (gauche du spectateur). Il a
les jambes brisées (cf. Longin), regarde vers le Christ ou vers
le ciel. Son âme est recueillie par un ange. Voir Gestas, le mauvais larron.
Double mimesis : les plis d'une robe — un visage grimaçant
(Dürer,
La grande fortune)
Double mimésis : figure de style consistant en l’imitation (mimesis, μίμησις)
simultanée des formes de la nature et d’autres formes artificielles ou
humaines (exemple : un rocher évoquant une tête humaine). La mimésis
(imitation) est la tendance artistique qui consiste à considérer que
l’art doit imiter les formes de la nature, dans une ressemblance
stricte. La double mimésis redouble cette imitation en donnant aux
formes de la nature la ressemblance d’autres formes (le plus souvent
humaines). Le regard du spectateur est invité à trancher entre les deux
éléments en fonction de la signification qu’il veut donner à l’œuvre.
S’il remarque la double mimésis, l’interprétation d’un des deux
éléments influencera nécessairement l’interprétation de l’autre. La
double mimésis joue sur la paréidolie, tendance naturelle à retrouver
dans des objets des formes qui lui sont étrangères (un objet dans un
nuage...).
Écart formel : élément d'un thème ou d'un sujet
qui n'appartient pas à sa tradition iconographique. La définition de la
figure de style comme écart est contestable, mais utile à l'analyse.
Elle isole dans un thème ou un sujet des éléments caractéristiques (que
l'on retrouve traditionnellement dans les autres représentations du
même thème ou sujet) et les éléments perturbateurs (qui s'écartent de
la tradition). Ces écarts sont significatifs et permettent
d'approfondir l'analyse ou l'interprétation.
Église : allégorie opposée
à la
Synagogue depuis le IXe siècle. C'est l'assemblée des
chrétiens, représentée sous les traits d'une femme
couronnée, tenant l'étendard de la résurrection,
les espèces eucharistiques (hostie et calice)...
Église (parties) : voir ci-dessous.
Emblème : voir allégorie.
Embrayeur visuel (ammonitore), figure de bord :
« Personnage placé au premier plan, de biais ou carrément de dos, et
qui assiste à la scène. L’embrayeur visuel sert de relais entre le
spectateur (spectateur du tableau, spectateur au théâtre, lecteur) et
la scène proprement dite (l’espace restreint). » (Stéphane Lojkine). Le procédé est théorisé par Alberti (De pictura, 1435) : « Il est bon que dans une histoire il y ait quelqu’un qui avertisse les spectateurs (ammonitore)
de ce qui s’y passe ; que de la main il invite à regarder ou bien,
comme s’il voulait que cette affaire fût secrète, que par un visage
menaçant ou des yeux farouches, il leur interdise d’approcher, ou qu’il
leur indique qu’il y a là un danger ou une chose digne d’admiration, ou
encore que, par ses gestes, il t’invite à rire ou à pleurer avec les
personnages. » Il peut aussi s'agir d'un objet inanimé surprenant
ou symbolique (des oeufs cassés) ou d'une partie du décor (mur séparant
deux éléments d'une même scène). Nous regardons la scène indirectement,
par le filtre interprétatif de l'embrayeur visuel, « à travers un
obstacle qu’il nous aide à franchir » (Lojkine). Louis Marin parlait de
figure de bord pour désigner
des personnages figurés comme des spectateurs au bord du tableau, dont
la fonction est de suggérer comment regarder le sujet, par le regard
qu’ils portent sur le tableau. On utilise aussi ce terme pour désigner
un objet placé en bordure du tableau, soit au niveau du cadre, soit «
au bord » illusoire de la figuration, sur la surface conventionnelle du
tableau. Une mouche, un escargot peints en trompe l'oeil, à taille
réelle, qui semblent posés sur le tableau sans appartenir au sujet
représenté, peuvent être qualifiés de figures de bord. Dans les
définitions qui leur ont été données par leurs concepteurs, les trois
termes sont fort proches. Dans leur emploi courant, on les distingue
cependant. L'ammonitore
est un cas particulier (il s'applique à un personnage) de l'embrayeur
visuel (on utilise souvent le terme pour tout personnage, animal,
objet... qui fait le relais entre le spectateur et le tableau).
La figure de bord n'est pas nécessairement porteuse de sens, il peut
s'agir d'une coquetterie d'artiste.
Engageante, gravure de mode du XVIIe s.
Engageante
: Dans le costume féminin d'époque Louis XIV et Louis XV, manchette
souvent en dentelle (parfois en simple linge) qui se fixait à la
saignée du coude et qui donnait l'impression que l'on portait plusieurs
chemises de grande qualité superposées. Il pouvait y avoir trois rangs
d'engageantes, de longueurs progressives.
Érinye, Sarcophage romain (130-140), Munich, Glyptothèque
Érinyes :
divinités grecques de la vengeance, qui tourmentent les coupables tant qu'ils n'ont pas été
purifiés rituellement. Pour ne pas avoir à prononcer leur
nom, on les appelait par antiphrase Euménides (= "les Bienveillantes").
Attributs : fouets, serpents,
torches, cheveux mêlés de serpents... Les
Romains les ont identifiées à leurs Furies.
Eschatologique : qui concerne la
fin des temps (du grec eschatos, ἔσχατος, dernier)
Eucharistiques (espèces)
: le pain (hostie) et le vin consacrés lors de la
messe et contenant selon le dogme de la transsubstantiation la chair
et le sang du Christ.
Evangéliaires (ou
lectionnaires) : livre liturgique contenant les quatre Evangiles
placés
dans l'ordre des lectures aux offices de l'Eglise
(commençant
par la leçon de Jean, lue le jour de Pâques).
Évangélistes
: auteurs des quatre versions de l'Évangile retraçant
la vie du Christ. Deux (Jean et Matthieu) sont aussi des apôtres;
deux (Luc et Marc) n'ont pas connu le Christ. Leurs symboles sont adaptés des
quatre
"vivants"
d'Ézéchiel : l'homme (ou ange) pour Matthieu; le bœuf (ou
taureau) pour Luc; le lion pour Marc; l'aigle pour Jean.
Exemple : voir allégorie.
Figure de bord : voir embrayeur visuel.
Charon chez Joachim Patenier (ca 1520, Madrid, Museo del Prado, détail)
et chez Michel-Ange (chapelle Sixtine, 1537-1541)
Le premier d'inspiration antique (l'âme est apaisée)
le second inspiré de Dante (Charon brndit sa rame)
Fleuves des
enfers : quatre fleuves de la géographie infernale antique
- le Styx ("l'Odieux"), partie
du fleuve Océan qui fait neuf fois le tour des enfers, le plus solennel
(les dieux prêtent un serment inviolable sur le Styx) ;
ses eaux rendent invulnérable (Achille y est trempé, mais sa mère le
tenait par le talon, d'où sa vulnérabilité au "talon d'Achille"). Chez
Virgile, il forme frontière avec le monde des vivants. Chez Dante, il
est passé dans la barque de Phlégias (condamné pour avoir brûlé le
temple d’Apollon à Delphes).
- l'Achéron ("Chagrin"), avec son passeur
Charon (Caron). Chez Homère, il
forme frontière avec le monde des vivants. La différence entre les
conceptions antique et chrétienne des enfers apparaît dans le
personnage de Charon : les anciens devaient payer l'obole (pièce de
monnaie posée sous la langue des morts) à Charon, sans quoi ils ne
pouvaient passer le fleuve et erraient sans fin sur ses bords ; chez
Dante, ils ne veulent pas entrer dans ce lieu de supplices et y sont
poussés par Charon, qui brandit sa rame pour les y contraindre.
- le Cocyte ("lamentation"), fleuve froid, affluent de l'Achéron.
- le
Pyriphlégéton ("qui brûle par
le feu"), fleuve de feu, sans doute lié aux coulées de lave dans les
conceptions qui mettaient l'entrée en enfer dans la bouche des volcans.
Il a inspiré le fleuve de feu chez part du trône du Christ dans les
Jugements derniers byzantins.
• Le Léthé n'est pas un fleuve, mais
la source de l'oubli (mythologie gréco-romaine) : chez Platon, il permet aux âmes d'oublier leur vie antérieure avant la réincarnation ;
chez Dante, il permet d'oublier les péchés pour accéder au Purgatoire.
Il est alors complété par l’Eunoé (inventé par Dante), qui ravive le
souvenir des bienfaits.
Fond, support, réserve, arrière-plan : une scène ou un personnage se dégagent sur d'autres éléments, neutres, décoratifs ou signifiants :
- le support
est l'élément matériel (parchemin, toile, panneau de bois...) sur lequel
est figuré le thème ou le sujet. Il peut être brut ou apprêté
(badigeon, levka des icônes russes, mélange de colle et de poudre
d'albâtre...). Il n'est en principe pas signifiant, mais dans certains
cas (notamment la réserve), il peut être chargé par l'artiste de
signification.
- le fond est une couleur
uniforme ou un motif géométrique sans rapport avec le sujet. En
général, il n'est pas signifiant, c'est l'équivalent spirituel de
l’apprêt matériel. On distingue le fond perdu, abyssal (Abgrund, couleur unie, infinie) et le fond solide (Grund, motifs géométriques, patterns, figures décoratives répétées à l’infini...).
- l’arrière-plan est un motif
figuratif, sur lequel s’appuie le sujet pour ne pas se perdre dans le
fond ou le support. Il fonctionne comme un décor, plus ou moins
signifiant, mais identifiable et analysable. Des plans intermédiaires
peuvent s’y ajouter.
- La réserve : le terme vient
du vocabulaire de la sculpture : on désigne ainsi le relief en méplat
(taillé en réserve ou en épargne, en creusant le support tout autour du
motif). Un dessin en réserve utilise le support pour motif : celui-ci
se détache alors sur le fond coloré. Le support (feuille de papier...)
devient alors signifiant. Le procédé est par exemple utilisé par
Stéphanie Nava dans les dessins de la série Luftgebaüde : l’absence de matière définit un personnage dépourvu d’intériorité, sans psychologie, dominé par le monde opaque ambiant...
Fontanges, coiffure à la Fontanges
: dans la mode féminine du XVIIe siècle (1680-1713), coiffure formée de
fils de laitons auxquels on enroule les cheveux (réels ou postiches !)
et que l'on recouvre d'un petit bonnet de dentelle, enrichi de rubans,
de pierres précieuses et dont les bords se relevaient sur les herses
de laiton... La légende veut que Mlle de Fontanges, maîtresse de Louis
XIV, ait été décoiffée lors d'une partie de chasse. Sans s'émouvoir,
elle prit une de ses jarretières et lia ses cheveux derrière la tête,
ce qui émoustilla son royal amant. La mode devint vite extravagante :
la fontanges se porta très haut (en monte-au-ciel) ou inclinée vers l'avant (en chien couchant).
En 1713, les moqueries de l'ambassadrice anglaise eurent raison de
cette mode, qui devint ridicule et épingla de vieilles courtisanes
restées à la mode de leur jeunesse. En 1754, sur une gravure de
Bordelon, les sorcières mangeant des enfants ont manifestement quelques
modes de retard (ci-dessus).
Furies : voir Érinyes
Gestas. . Maître de l’autel de Rahradského,
Crucifixion,
Moravie, 1420, Prague, Národní galerie.
Gestas : nom du "mauvais larron",
crucifié
à gauche du Christ droite du spectateur). Il a les jambes
brisées (cf. Longin), se détourne du Christ ou vers le
sol. Son âme est recueillie par un diable. Cf. Dismas, le bon larron.
harpye antique (vase de Vulci, relevé Daremberg et Saglio) et Renaissance (Alciat, 1536)
Harpyes
: dans la mythologie grecque, monstres infernaux, oiseaux rapaces
à tête de femme, qui enlèvent les enfants et les
âmes. Dans l'iconographie moderne, on les rencontre souvent sous l'aspect de femmes à serres de rapaces.
Hédroit la febvresse, Jean Fouquet,
Heures d'Étienne Chevalier
(détail) Chantilly, Musée Condé
Hédroit : nom de la fébvresse
(forgeronne) qui a forgé les clous destinés à la
crucifixion
du Christ, qu'aucun homme ne voulait forger. Cette légende fortement misogyne est rarement représentée.
Houlette : bâton
de berger. Il en existe deux types : l'un courbé à l'extrémité, qui permet de rattraper les brebis par la patte; l'autre terminé par une
spatule, qui permet de les viser avec une petite motte de terre pour
leur
signaler qu'elles s'éloignent du troupeau (cette action s'appelle houler
et a donné son nom à la houlette). Le terme vient des dialectes du nord
(picard, wallon, normand) et doit sans doute être relié au néerlandais hollen (courir).
On le rencontre dans l'iconographie des bergers, mais
c'est parfois l'attribut de Jean Baptiste. La houlette a également fait
partie des attributs du "roi berger" (sceptre heka d'Osiris et des pharaons) et du "prêtre pasteur" (crosse des évêques et des abbés)
Iconographie sérielle et relationnelle : approche promposée par Jérôme Baschet (L’iconographie médiévale,
Gallimard, 2008). Par l'étude de vastes séries d’images ayant le même
thème, l’analyse sérielle n’invite pas à une analyse quantitative, mais
à « pousser l’étude des œuvres singulières, en fonction des
interrogations que le traitement statistique fait apparaître ».
L’iconographie sérielle est nécessairement relationnelle : l’image ne
prend pas son sens en elle-même, mais dans un réseau de relations
iconiques. Jérôme Baschet espère ainsi dépasser la dichotomie
sens/forme. La forme n’a pas un sens en soi, mais « les écarts formels
peuvent produire du sens », dans un contexte spécifique.
Iconologie : (Ripa, 1593) :
connaissance des attributs des personnages ou des allégories (la
Prudence a deux visages, tient un miroir et un serpent; saint Pierre a
des clés et un coq...)
(Warburg, 1912; Panofsky, 1939) : étude des structures sociales,
culturelles... qui permettent d'interpréter les images selon les
critères de l'époque qui les a produites. La description
pré-iconographique décrit les motifs
indépendamment de leur signification. L'analyse iconographique
déchiffre les motifs selon leur signification traditionnelle.
L'interprétation iconologique voit dans l'œuvre le témoin
des valeurs symboliques d'une civilisation. Voir Description et cette fiche pour une approche plus approfondie.
Interprétation : voir Description et cette fiche pour une approche plus approfondie.
Jourdain (urne, roseau, cornes en pattes de crabe) : baptistère des Ariens, Ravenne, VIe s.
Jourdain (urne, cornes, rames) : Bénédictionnaire d'Æthelwod, Xe s.
Les deux sources du Jourdain, Graduel de l'abbaye de Prüm
IXe s. BnF. Latin 9448, fol. 26 v°
Jourdain : le fleuve
divinisé apparaît dans
les représentations anciennes du Baptême du Christ. Il se
reconnaît à l'urne renversée (symbole de la
source, ou des deux sources Jour et Dain), à ses cornes en forme de pinces de crabe (semblables au dieu Océan de l'antiquité), à son
sceptre en forme de roseau ou de rames... Il fait un geste
d'étonnement, adore le Christ ou s'enfuit. Il symbolise la
purification des eaux par le Christ qui, n'étant pas soumis au
péché
originel, n'a pas besoin d'être baptisé.
Chartres, lancettes du transept nord
Lancette : verrière
étroite et très haute, en forme de "lance".
La pêche au Léviathan dans l'
Hortus deliciarum commandé par Herrade de Lansberg (1159-1205)
La gueule de l'enfer avec la marmite bouillante sur le tympan de la cathédrale Saint-Étienne de Bourges (XIIIe s.)
Léviathan : Monstre biblique issu
du livre de Job, et dans lequel la critique biblique a vu un souvenir
amplifié du crocodile : "vas-tu le pêcher à l'hameçon" demande Dieu à
Job (42, 25). L'image a été associée à l'anastasis (descente du Christ
aux limbes) puis à la gueule de l'enfer. Grégoire le Grand (VIe-VIIe
siècle) voit dans la pêche au Léviathan une allusion à la victoire du
Christ sur Satan. Avalé par la mort (comme l'appât), il a "franchi sa
double denture, forcé les battants de son mufle" avec l'hameçon de la
croix, ce qui a permis à Dieu de "pêcher" le monstre et de vaincre
ainsi la mort et le démon. La description du Léviathan a influencé les
représentations de l'enfer : "de sa gueule partent des éclairs, des
étincelles de feu s'en échappent, une fumée sort de ses naseaux, comme
d'une marmite bouillante ou d'un chaudron. Son haleine embrase les
braises, de sa gueule sortent des flammes". La marmite de l'enfer
pourrait trouver ici son origine. La gueule d'enfer apparaît vers 800
sur un ivoire anglais et se développe au Xe siècle dans la réforme
monastique anglaise. Elle devient la forme la plus fréquente de l'enfer
durant tout le moyen âge et reste sporadiquement dans l'iconographie
jusqu'aujourd'hui.
La gueule d'enfer au théâtre : la Passion de Valenciennes, manuscrit du Régisseur, BnF, ms fr. 12536
Manteau d'Arlequin du Stanford Theater, Palo Alto, Californie
En particulier, le "rideau d'Arlequin", au théâtre,
évoque les dents du Léviathan, dont la gueule est masquée par un rideau
rouge. Durant les passions des XVe-XVIe siècle, l'enfer était figuré
par cette gueule (qui apparaît sur le manuscrit du régisseur). Lorsque
la scène ne se situait pas en enfer, il était masqué par un rideau
rouge (couleur des flammes). On y voit l'origine du manteau d'Arlequin (Erla King, Earl King, Erlkönig... était un des noms du diable)
Longin, détail de Juan Oliver, peinture murale du réfectoire de la cathédrale de Pampelune,
vers 1330, Pampelune, musée de Navarre (détail : Longin)
Longin : soldat romain qui perce de
sa lance le flanc droit du Christ. Il reconnaît ainsi que le
Christ est mort (de l'eau et du sang sortent de son flanc) et lui
évite
d'avoir les jambes brisées, comme cela sera fait aux larrons
pour
hâter leur mort. Longin est représenté comme un
soldat
vieux et aveugle, dont il faut guider la main. Du sang du Christ
éclabousse ses yeux et lui rendent la vue (symbole de
conversion).
Chantres au lutrin, BnF, ms Français 9, fol. 303,
Lutrin : meuble destiné
à déposer un livre pour en permettre la lecture.
Vierge à l'enfant, Giotto, ca 1295
Maphorion : grand
manteau bleu nuit que
porte la Vierge. Il porte
traditionnellement trois étoiles (une sur le front, une sur
chaque épaules) correspondants aux points du signe de croix et
symbolisant la triple virginité (avant, pendant et après
l'accouchement). Des croisettes (petites croix, parfois sous forme de cinq
points disposés en quinconce) peuvent prendre la place des étoiles :
Melchisédech avec tiare et couronne, pain et vin, encensoir
Chartres, lancette du transept septentrional (photo J.C.B.)
Melchisédech : Roi et
prêtre de Salem (Jérusalem ?), qui donne à Abraham
le pain et le
vin en échange de la dixième partie (la dîme) de
son
butin. L'épisode est devenu une typologie de la Cène
(partage
du pain et du vin). Melchisédech est le modèle du messie
eschatologique. Dans l'iconographie, outre le pain et le vin (dans un
calice), il porte
à la fois la tiare des prêtres et la couronne des rois.
Mélote : tunique en poils
étroite et
courte,
portée par les bergers et les prophètes. Jean Baptiste a
traditionnellement une mélote en poils de chameau. L'évocation du poil
de chameau est parfois biscornue : revers deoublé, tunique déchirée,
bandes alternées, mèches de poils, cercles, ou... la tête du chameau !
La mer d'airain, retable de Klosterneuburg
de Nicolas de Verdun, émail, 1181 (détail)
Mer d'airain : énorme
réservoir d'eau, en bronze, soutenu par douze taureaux,
placé devant le temple de Jérusalem et servant aux
ablutions rituelles. C'est une préfigure du baptême du
Christ (les douze taureaux symbolisant les douze apôtres).
Messie : l'hébreu Messiah
(Messie, מָשִׁׁיחַ), le grec Christos (Christ, Χριστός) et le latin Unctus (Oint)
traduisent la même notion : celui qui a reçu
l'onction, l'huile consacrée. Dans l'ancienne loi, pouvaient la
recevoir : le roi, le prêtre, le prophète (cette
dernière onction discutée). Tous ces personnages peuvent
être appelés "messies". Le Messie, peu à peu, a
désigné un personnage à venir, qui restaurerait la
royauté d'Israël (messie royal), la religion dans toute sa
pureté (messie sacerdotal) ou qui ferait justice à son
peuple à la fin des temps (messie eschatologique).
David est le modèle du messie royal (qui doit être
d'ascendance
davidique) ; Aaron, frère de Moïse, du messie sacerdotal ;
Melchisédech, du messie eschatologique. Pour les
chrétiens, le Christ est le Messie et assume les trois fonctions
messianiques : roi (mais sa royauté n'est pas de ce monde),
prêtre (qui restaure la religion dans sa pureté
primitive), et juge (à la fin des temps). Il assume aussi une
quatrième onction, qui n'est pas d'origine biblique : celle de l'athlète (oint pour le combat), dans sa lutte contre le mal.
Mitre : Coiffure liturgique des
évêques et des archevêques, qui peut être
également portée par certains abbés (abbés
mitrés). Le pape la porte en tant
qu'évêque de Rome, indépendamment de la tiare, qui
n'est pas une coiffure liturgique. [Elle est attestée depuis le
Xe siècle, mais sa forme se distingue de celle de la tiare
à partir du XIIe siècle. C'est au départ un bonnet
souple maintenu par un bandeau. Le pli qu'elle forme est
caractéristique
à partir du XIIe siècle; il prend la forme de deux cornes
symbolisant les deux Testaments. Le cordon qui les réunit au
sommet signifie la parfaite connaissance des deux Testaments par
l'évêque.
Ces cornes deviennent hautes à partir du XIVe siècle.
Biblioraphie complémentaire : M. Beaulieu / J. Baylé, La
mitre épiscopale en France des origines à la fin du XVe
siècle, 1976.]
Motif : voir thème
Nouveau Testament : partie de la
Bible* qui concerne la vie du Christ et des apôtres selon les
livres canoniques.
Orbe impérial Cologne, vers 1200. Vienne, Trésor de la Hofburg.
Orbe (nom masculin) : Voir la fiche détaillée. L'orbe est le globe tenu à l'origine par
l'empereur
et symbolisant
son pouvoir sur le monde. D'orgine romaine,
il
est adopté, surmonté d'une croix, par les empereurs
chrétiens de Byzance puis du Saint Empire Romain Germanique.
L'orbe fleurdelysé est adopté par les rois de France
à l'époque moderne. Les divisions
de l'orbe ont correspondu dans le symbolisme médiéval aux
trois continents et à
la carte en "OT". Dans les
mains du Christ-empereur, il symbolise plus probablement l'univers.
L'orbe retourné est fréquemment associé aux Jugements derniers.
Les parques, Jean Restout,
Orphée aux enfers, 1763 (détail)
Paris, musée du Louvre
Parques : divinités
gréco-romaines du destin. Les Parcae latines (parcere,
"enfanter"), ou Fatae ("Destins") étaient
associées
à la naissance : Nona (neuvième mois de la
grossesse),
Decima (Decuma, dixième mois), Morta.
Elles ont
été assimilées aux Moires grecques (Moirai, Μοῖραι),
qui symbolisent la destinée humaine : Clotho, Lachésis,
Atropos.
Le nom générique sous lequel nous les connaissons est
donc
d'origine romaine, et les noms particuliers, ainsi que leurs attributs,
d'origine
grecque. Clotho, la fileuse (klôthô, κλώθω, "filer"), tisse la
trame
des destinées humaines. Lachésis (lagchanô, λαχάνω,
"tirer
au sort"), souligne leur caractère arbitraire et fortuit.
Atropos
(a- , préfixe privatif, et trepô, τρέπω, tourner)
symbolise
l'immuabilité du destin. Elles incarnent le passé (la
naissance,
la quenouille* de Clotho), le
présent
(le destin, le fuseau de Lachésis), le futur (la mort, les
ciseaux
d'Atropos). Elles filent de la laine blanche ou noire, selon le sort
qu'elles
réservent à chacun. Cette iconographie se fixe à
la
Renaissance. Les parques ont engendré les trois "fées" (fatae)
qui se penchent sur le berceau de l'enfant.
grand prêtre, détail de la maison de Pilate, Oberammergau (Bavière), photo J.C.B.
Pectoral :
ornement de poitrine (en latin pectus). Le pectoral d'Aaron est celui des grands prêtres
d'Israël. Il est carré, large d'un empan et porte douze
pierres précieuses dont les noms sont
énumérés dans Exode 28, 15-30.
Pensée figurative : Concept proposé par Pierre Francastel, Études de sociologie de l’art,
Paris, Gallimard, 1970 (coll. Tel, 1989) : considérant que les images
pensent (puisque l'on pense en images), il considère qu'il existe une
irréductibilité du langage figuratif au langage verbal. L’œuvre d’art
est « un lieu de rencontre entre des esprits, elle est un signe, un
signe relais au même titre que tous les autres langages ». Il faut donc
analyser la pertinence et la qualité des liaisons internes de l’objet
qu’il crée pour comprendre la pensée de l’artiste. Le danger est certes
de projeter son propre imaginaire sur l’œuvre d’art, mais « On peut
toujours, à partir d’une image, explorer l’imaginaire. Il ne s’agit pas
vraiment d’ambiguïté, mais de richesse » (Pierre Francastel, Bruegel, Paris, Hazan, 1995, p. 134). Félix Thürlemann parle de "structure signifiante"
lorsque l'oeuvre d'art développe une pensée systématique forte par sa
seule structure (oppositions ou parallélismes, métaphores narratives, double mimésis...)
Perizoma (περίζωμα, calque latin à
proscrire : perizonium)
: nom donné au linge ceignant les reins du Christ dans les
crucifixions (ci-dessus). Le Christ ayant symboliquement été crucifié nu, il s'agit
d'un vêtement de pudeur. Le terme grec désignait tout ce qui se liait autour (peri) de la cotte de dessous (zoma) : ceinture, tablier de forgeron... Il n'est plus utilisé qu'en histoire de l'art pour désigner le vêtement du crucifié. Dans les
représentations les plus anciennes, on peut trouver un subligaculum
(fine bande de tissu, ci-dessous à gauche) ou un colobium
(tunique longue, ci-dessous à droite).
Le périzoma s'impose à partir de l'époque carolingienne. Selon une vision attribuée à
saint Anselme, il s'agirait du voile
de la Vierge (ci-dessous)
qu'elle a noué
autour des reins de son fils dénudé. D'où, à la fin du moyen âge, sa
transparence.
Phylactères sortant du cor de Gabriel dans
l'Annonciation mystique de Schongauer
portant le texte de l'Ave Maria et identifiant les objets présents
Phylactère : (du grec phullax, φύλαξ,
"gardien", phulassô, φυλάσσο, "je protège") A l'origine, morceaux
de papyrus ou de parchemin sur lesquels on inscrivait des
prières, des formules magiques, et qui servaient de talismans
(pour "protéger" ceux qui les portaient). La pratique a
été
signalée, et interdite, par les prédicateurs
chrétiens de l'époque mérovingienne. Le sens
premier subsiste dans l'usage d'appeler "phylactères" les teffilin
juifs (versets de la torah inscrits sur des morceaux de parchemin et
portés sur le front et sur le bras pour certaines
prières). En histoire de
l'art, le phylactère
désigne le
rouleau de parchemin déployé comme une banderole, sur
lequel
les artistes inscrivent les paroles ou le nom des personnages. Le
phylactère est souvent l'attribut des prophètes. Par
extension, on appelle
ainsi les "bulles" des bandes dessinées.
Polysémie, plurivocité
: Termes génériques pour désigner la possibilité d’une lecture
plurielle (à l’opposé de l’univocité, de la monosémie) « Polysémie :
propriété d’un signifiant de renvoyer à plusieurs signifiés présentant
des traits sémantiques communs » (Trésor de la langue française). L'ambivalence
est une polysémie dénotative, qui concerne les éléments de description
(un élément peut avoir plusieurs significations distinctes) ; l'ambiguïté est
une polysémie interprétative, qui concerne les éléments
d’interprétation (un élément peut être interprété de deux façons
différentes). L’ambivalence
« se distingue de l'ambiguïté, qui concerne l'interprétation des faits
et non les faits eux-mêmes » (Trésor de la langue française). L'alternative « énonce deux choses dont une seule est vraie » (Trésor de la langue française).
Préfigure : dans la
méthode typologique*, scène de l'Ancien* Testament qui
annonce de manière voilée une scène du Nouveau
Testament, appelée "figure". Par exemple, Jonas avalé
et rejeté par le monstre marin (identifié à une
baleine) est une préfigure de la mort et de la
résurrection du
Christ. Voir la fiche Typologie.
Autour de sainte Anne portant la Vierge enfant, les quatre grands prophètes portent les quatre évangélistes
Chartres, cathédrale Notre-Dame, lancettes du transept méridional
Prophètes
: personnages de
l'Ancienne Loi (la plupart dans l'Ancien* Testament) qui reçoivent des
révélations
divines. Les prophètes en principe se distinguent par leur mode
de vie et l'onction qu'ils ont reçue, mais de nombreux
personnages ont pu être appelés prophètes au sens
large. En particulier, on désigne par ce nom les
prophètes qui ont écrit des livres regroupés dans
l'Ancien Testament. Selon le canon* chrétien, il y a
quatre "grands prophètes" (trois dans le canon
hébraïque) et douze "petits prophètes". Cette distinction artificielle,
effectuée pour faire correspondre les grands prophètes aux évangélistes
et les petits aux apôtres, ne figure pas dans le canon hébraïque. Elle
limite les prophètes aux auteurs de livres prophétiques. Or certains
n'en ont pas écrit (Élie est le plus connu). Si la plupart des
prophètes apparaissent dans l'Ancien Testament, ils sont liés à
l'Ancienne Loi (avant la loi du Christ) et peuvent apparaître dans le
Nouveau : Anne, Siméon, Jean-Baptiste sont des prophètes du Nouveau
Testament.
Grand prophètes : Isaïe (Ésaïe dans les Bibles protestantes), Ézéchiel, Jérémie, Daniel (qui est le personnage du livre, non son auteur)
Petits prophètes : Aggée, Habacuc, Joël, Baruch, Michée, Malachie, Osée, Amos, Jonas, Nahum, Zacharie, Sophonie.
Quenouille : baguette sur
laquelle on pique la
touffe de
laine à
filer ; le fil en est détaché par torsion et
enroulé sur le fuseau. La quenouille est un attribut des Parques
(et en particulier de Clotho, Lachésis tenant le fuseau et
Atropos coupant le fil) et de la Vierge dans certaines Annonciations.
Plus largement, c'est un attribut féminin, ce travail étant jadis
réservé aux femmes, d'où l'expression "tomber en quenouille" lorsqu'un
héritage (le plus souvent un trône) revenait à une femme par absence
d'héritier mâle.
Réserve : voir fond.
L'empereur restitutor sur un antoninien (double denier) d'argent de Valérien Ier
Le Christ restitutor sur une mosaïque de Torcello
Restitutor
(celui qui relève) : geste qui consiste à prendre le poignet de celui
que l'on relève ou délivre, pour mieux assurer la prise. C'est la
"prise des acrobates" pour que les mains ne glissent pas et qu'ils ne
risquent pas de se lâcher dans une figure périlleuse. Dans l'art
chrétien, c'est le geste du Christ dans l'Anastasis, lorsqu'il délivre Adam des enfers. Ce geste est issu de l'iconographie impériale romaine :
c'est celui de l'empereur libérant une ville, et saisissant par le
poignet l'allégorie de cette ville.
Révélations :
traditionnellement, on distingue trois grandes
révélations qui définissent trois modes de vie et
trois étapes de la religion : la révélation
à Adam (religion patriarcale, "sub Natura", sous la loi
naturelle), la révélation à
Moïse (religion mosaïque, mode de vie "sub lege", sous la loi
des dix commandements), la révélation par le Christ
(religions chrétiennes, "sub gratia", sous la Grâce). Les
deux premières appartiennent à l'Ancien Testament et la
troisième au Nouveau Testament.
Rois de Juda autour du Christ
Coupole de Saint-Sauveur-in-Chora (Istanbul), XIVe s.
Rois de Juda : série de rois bibliques comprenant les
trois rois du royaume unifié d'Israël (Saül, David,
Salomon) et les souverains du royaume de Juda après la division
du royaume
primitif (royaume d'Israël, capitale : Samarie, et royaume de
Juda,
capitale : Jérusalem). Comme ancêtres du Christ, les rois
du
Juda apparaissent sur l'arbre de Jessé. Le lion de la tribu de
Juda
peut leur être associé.
Roue de Fortune
Martin le Franc,
Estrif de Fortune et de Vertu, 1449-1457,
Bruxelles, Bibl. royale, ms 9510, fol. 1, détail.
Roue de Fortune : Représentation
médiévale
du
destin. Dans la Consolation par la philosophie de
Boèce
(VIe s.), la Fortune (= le Destin) apparaît au philosophe
emprisonné. Elle est comme une roue qui nous élève
et nous fait retomber. Cette image, empruntée à la
poésie gréco-romaine (Anacréon, Properce), est
très populaire au moyen âge. Dans sa version la plus
simple et la plus répandue, elle montre la Fortune
(allégorie féminine) faisant tourner la roue sur laquelle
ont pris place quatre personnages incarnant le futur (regnabo,
"je régnerai"), le présent (regno, "je
règne"),
le passé (regnavi, "j'ai régné") et la mort
(sum sine regno, je n'ai plus de règne). Le bandeau sur
ses
yeux symbolise l'égalité de chacun devant le destin, mais
aussi l'inexorabilité de la Fortune, indifférente aux
prières
des hommes.
Sainte Parenté. Noter l'absence de Joseph et la barre fermant la fenêtre centrale :
Marie est censée avoir enfanté vierge et sans son mari
Quentin Metsys (1456/65-1520),
Triptyque de la confrérie sainte Anne à Louvain,
Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts.
Sainte Parenté :
représentation de la famille du Christ sur trois
générations : ses grands-parents (Anne et Joachim), ses
parents (Joseph et Marie), oncles et tantes, et ses cousins. Le
thème apparaît au XIIIe siècle et est
condamné au concile de Trente (XVIe siècle), car il
suppose trois maris successifs à sainte Anne. Ne pas confondre
avec la Sainte Famille (ou Trinité terrestre, Trinité
humaine, Trinité jésuite...) se limitant à Marie,
Joseph et le Christ (thème apparu au XVe siècle et plus
répandu depuis).
Personnages de la Sainte Parenté :
Anne et Joachim enfantent Marie qui épouse Joseph (enfant : Jésus)
Anne et Cléophas enfantent Marie (appelée Marie Cléophas pour la
distinguer de la Vierge), qui épouse Alphée (enfants : Jacques le
mineur, José, Simon, Juda)
Anne et Salomé enfantent Marie
(appelée Marie Salomé ou Marie Jacobi, mère de Jacques), qui épouse
Zébédée (enfants : Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste).
Salomé dans la Nativité de Robert Campin,
1425, Dijon, musée de la Ville
Salomé : Plusieurs
personnages (masculins et féminins) de la Bible et / ou de l'iconographie ont porté ce nom.
Il est notamment donné à une des deux sages-femmes qui
ont assisté à la Nativité du Christ.
Salomé, qui ne croit pas à virginité de Marie, a
vu son bras se dessécher. Il a retrouvé ses chairs
lorsqu'elle a touché les langes ou le corps de l'enfant
Jésus. Dans l'iconographie, elle est évoquée par
une femme qui se tient le bras, ou qui touche le Christ.
Anastasie et l'ange apportant ses mains :
Spitz Master, livre d’heures parisien, ca 1420,
Los Angeles, Paul Getty Museum, ms 57, fol. 84.
Une légende similaire évoque sainte Anastasie (parfois
Berthe), manchote des deux bras, qui voit repousser ses mains pour
aider la Vierge à accoucher. La seconde sage-femme est appelée Maïa, Zélomi, Zébel...
Septante : version grecque de
l'Ancien Testament, traduite de l'hébreu par soixante-douze
traducteurs d'Alexandrie au IIIe siècle av. J.C. Les "septante"
traductions différentes se seraient
révélées les mêmes, preuve de l'inspiration
divine.
Shéol : séjour des morts dans l'ancien Testament, lieu indéfini
sans châtiment ni récompense.
La sybille tiburtine montrant à Auguste la Vierge à l'enfant dans le soleil
Roger de le Pasture (Van der Weyden), retable Bladelin,
1452-1460, Berlin, Staatliche Museen
Sibylle : prophétesse antique. Chaque ville ayant voulu
"sa" sibylle, on finit par en dénombre dix ou
douze. Les livres sibyllins, qui contenaient leurs prophéties,
sont perdus, mais des versions judaïsées et
christianisées ont circulé. Dans l'art chrétien,
les douze sibylles peuvent être représentées selon
les thèmes. Les plus fréquentes sont l'Erithréenne
(d'Erithrée), associée au Jugement dernier, et la
Tiburtine (de Tivoli, en latin Tibur), associée à la
naissance du Christ. C'est cette dernière qui a montré
à l'empereur Auguste une femme portant un enfant, sur un autel
apparu dans le ciel au milieu du soleil. Cette vision permet de la
reconnaître.
Support : voir fond.
Stéphaton dans la Crucifixion de Juan Oliver,
1330, musée de Pampelune
Stéphaton :
soldat romain qui
donne à boire au Christ du vinaigre sur une éponge
plantée sur une tige d'hysope (roseau). Il fait pendant à
Longin. Le vinaigre (vin aigre) ingurgité correspondant au sang
(symbole eucharistique du vin de la Nouvelle Loi) sortant du sang du
Christ.
Structuralisme
: méthode d'analyse et courant de pensée dans les sciences humaines et
sociales de la seconde moitié du XXe siècle (ethnologie, linguistique,
philosophie, critique artistique, etc.). Elle considère que l'objet
d'étude (l'œuvre d'art en l'occurrence) doit être abordé par sa
structure formelle. Celle-ci se définit par un ensemble de relations internes (opposition ou parallélisme de motifs, harmonie des couleurs, etc.) et par son autonomie
(on étudie l'œuvre en elle-même sans référence à des éléments
extérieurs). Prise au pied de la lettre, la méthode peut aboutir à un
formalisme exagéré, mais elle a eu le mérite d'attirer l'attention sur
la spécificité de chaque œuvre et sur l'importance d'un langage formel.
Synagogue : Allégorie opposée
à
l'Église* depuis le IXe siècle. C'est l'assemblée
des juifs représentés sous la forme d'une femme aux yeux
bandés, tenant les tables de Moïse, une lance
brisée, un couteau de circoncision, associée à des
animaux négatifs (bouc, âne, porc...).
Sujet : voir thème
Tartare
: dans la mysthologie gréco-romaine, partie la plus profonde de
l'enfer, où sont précipités ceux qui se sont
révoltés contre les dieux et châtiés ceux
qui ont enfreint une loi divine. Distinct de l'Erèbe,
ou Adès, séjour des morts dont le souverain est
Arès, frère de Zeus.
Testament, alliance, loi
: Les trois notions sont souvent confondues, car le "Nouveau Testament"
donne une "nouvelle loi" grâce à une "nouvelle alliance". Mais il y a
quelques nuances à apporter. Les deux Testaments
sont l’ensemble des livres qui correspondent au canon des religions
juive et chrétienne. Le canon hébreu ne contient donc que l’Ancien Testament,
rédigé en hébreu, et qui ne parle pas de Jésus Christ. Le Dieu de
l’ancien Testament n’est connu que par les consonnes de son nom (YHVH),
dont la vocalisation, connue des prêtres seuls, est conservée par des
indiscrétions grecques (Yahvé). Il est aussi appelé Élohim (nom qui
signifie lui-même « les dieux ») : il manifeste donc la volonté de
regrouper sous un seul nom et une seule personne toutes les divinités
primitives. C’est celui que les chrétiens appelleront Dieu le Père, le
Créateur. Les canons chrétiens (orthodoxe, catholique, protestant) y
ajoutent le Nouveau Testament, conservé en grec, et qui parle de Jésus Christ (c’est-à-dire de Jésus, le Messie, le grec Christos traduisant l’hébreu Messiah) et de ses apôtres. Le mot hébreu berit (« alliance
») est traduit en latin par « testament ». On parle donc d’ancienne
alliance (avec Moïse) et de nouvelle alliance (par l’intermédiaire de
Jésus : ce n’est pas un homme qui s’allie à Dieu, mais Dieu fait
homme). Les alliances sont conclues avec un signe, et souvent une
transmission : les tables de la Loi, rouleau donné à saint Paul, clés
données à saint Pierre… Mais il y a différentes alliances dans l’Ancien
Testament : l'alliance noachique (avec Noé, signe = arc-en-ciel),
l'alliance d'Abraham (circoncision), l'alliance de Jacob (signe =
Béthel)... Par ailleurs, le nouveau Testament commence dans l’ancienne
alliance (Joseph et Marie sacrifient au temple). Alliance et Testament ne sont donc pas totalement synonymes. Les alliances correspondent à des lois
: « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les
autres », dit le Chrtist (Jean 13, 34). Il y a donc une ancienne et une
nouvelle loi. Mais l’ancien testament a connu deux lois : la « loi
naturelle » (Adam) et la "loi mosaïque" (Moïse). Par ailleurs,
l’ancienne loi commence à la prédication du Christ (qui naît dans
l’ancienne loi). Jean Baptiste est un prophète de l’ancienne loi dans
le nouveau Testament.
Thème, sujet, motif : Le thème
est une unité structurelle cohérente. Il a une signification générale,
« indépendamment de toute singularité événementielle » (Garnier, 1984).
Il peut être universel (le voyage dans l’au-delà) ou propre à une
culture spécifique (le jugement dernier est un thème propre à l’art
chrétien). Leur liste est le plus souvent fermée.
Le sujet représente des
éléments particuliers, situés géographiquement et historiquement
(lieux, personnes, événements réels ou imaginaires, faits sociaux…).
Le motif
est un élément formel qui ne prend sa signification que dans un sujet
ou un thème. Le motif est l’élément de signification de base. Mais il
peut lui-même contenir d’autres motifs ou sujets.
*L’enfer est un thème que l’on retrouve
dans l’art chrétien et dans les
principales mythologies. L’Anastasis (Descente du Christ aux limbes)
est un sujet spécifique à l’art chrétien (qui raconte un événement que,
selon ses convictions, on qualifiera de réel ou d'imaginaire,
d'historique ou d emythique). Il illustre le thème de
l’enfer. Différents motifs sont associés à ces thèmes et sujets (portes
de l'enfer, Jean Baptiste, Adam saisi par le poignet...).
*La distinction est parfois difficile à établir entre sujet et thème, elle est cependant déterminante. Dans le Moïse
de Michel Ange, par exemple, l'interprétation générale, mais aussi des
détails (regard, geste de la main...) sera différente si l'on y voit un
thème (le personnage de Moïse) ou un sujet (moment où il retient les
tables de la loi après un mouvement de colère qui les a laissé glisser,
interprétation de Freud).
Théophanie : Apparition de
Dieu, et en particulier du Dieu trinitaire (Père, Fils, Esprit).
Dans le Nouveau Testament, les deux théophanies canoniques sont
le Baptême et la Transfiguration*.
Plus largement, on
désigne par ce terme les apparitions de Dieu, dans l'Ancien
Testament (à
Moïse, à Ézéchiel, à Isaïe), dans
le Nouveau (à saint Jean dans l'Apocalypse), lors des visions
(théophanies eschatologiques ou éternelles), à la
fin des temps (théophanie deutéroparousiaque et Jugement
dernier)
Tiare : A l'origine, la tiare est un bonnet oriental (ci-dessus à gauche) qui
pouvait être mou (il est alors appelé bonnet phrygien) ou rigide (le
plus souvent sous forme de cône tronqué, mais parfois avec une pointe
recourbée vers l'avant). La tiare rigide sert de couronne royale dans
les royautés orientales. C'est ainsi qu'on peut la trouver, dans l'art
grec, sur la tête de Midas (roi de Phrygie) ou d'Orphée (roi thrace).
Elle est étendue à bon nombre de peuples "barbares".
En particulier, dans l'art chréétien, coiffure pontificale (ci-dessus),
également attribuée (sans couronne) à des
prêtres païens
dans l'iconographie. Ce n’est pas une coiffe liturgique : portée
pour le couronnement et parfois pour se rendre à la messe.
Attestée de 1099 à 1963 (couronnement de Paul VI).
Dérivée
du bonnet phrygien des rois d’Orient, elle a la forme d'un bonnet
pointu
et symbolise la puissance temporelle sur les états de l'Eglise.
Dès le VIIe-VIIIe s., on parle d’une coiffure spécifique
pour les papes (frigium, le mot tiare apparaît en
1099), dont la forme peut se confondre avec celle de la mitre. A partir
du XIIe s., la mitre
est un bonnet souple et la tiare un bonnet rigide. Elle est maintenue
par
un bandeau d'or (circulus), qui devient un galon cousu au bonnet
et
qui se transforme en couronne vers 1278.Une deuxième couronne
est
ajoutée par Boniface VIII vers 1300. Il y ajoute un cabochon
(rubis)
qui sera perdu peu après : le support donne l'impression d'une
troisième
couronne et en 1322, Guillaume d’Occam accuse Jean XXII d’avoir
ajouté
par orgueil une troisième couronne. Cette roisième
couronne
sera systématique à partir de Clément VI (1342).
Le
symbolisme de ces trois couronnes est tardif : souveraineté
temporelle
sur les États de l’Église, spirituelle sur les
âmes,
et autorité morale (mixte) sur les rois. Cette triple
souveraineté
a donné à la tiare le nom de triregnum. Le
cabochon
perdu est remplacé par une croix. Bibliographie
complémentaire
: E. Müntz, La tiare pontificale du VIIIe au XVIe
siècles,
1898.
Tonsure : Signe
caractéristique de la cléricature. Elle apparaît en
VIe siècle, mais n'est obligatoire que de 1031(concile de
Bourges) à 1972 (motu proprio de Paul VI). La
tonsure désigne la coupe des cheveux, et par la suite la calotte
dégarnie sur le sommet du crâne (jusqu'au XVe
siècle) ou sur l'occiput (depuis le XVe siècle). La
couronne désigne la partie restante de la chevelure et symbolise
la victoire spirituelle et
la perfection de celui qui la porte. Sa largeur varie selon le
degré atteint dans la hiérarchie spirituelle et est
fixée par plusieurs conciles. Elle était portée
par les moines et par le clergé séculier, dans les ordres
mineurs (petite tonsure) et majeurs (grande tonsure). Le type courant
est la tonsure de saint Pierre, ou tonsure romaine. Il a existé
d'autres types (tonsure de saint Jean, de saint Paul...) dont la forme
exacte est encore sujette à discussion. Des tonsures de
dérision ont été imposées aux fous; la
perte de la couronne (tête complètement rasée) a pu
être un signe d'infamie imposé aux
débauchés. Bibliographie complémentaire : Louis
Trichet, La Tonsure, 1990.
Transfiguration. Œuvres de Jean VI Cantacuzène.
Ms de Constantinople, 1370-1375. B.n.F., ms gr. 1242
Transfiguration (= Metamorphosis) :
apparition du corps divin du Christ (corps glorieux, corps de Gloire),
le visage brillant comme le soleil et les vêtements blancs comme la
neige, mais de son vivant. C’est le seul exemple de glorification
(vision du corps glorieux) du vivant du Christ : ce corps immatériel
n’apparaît en principe qu’après la mort (Résurrection, apparitions,
Ascension…). La scène est située en Galilée, sur le mont Thabor, pour
correspondre à une prophétie (Ps 89), devant trois apôtres (Pierre,
Jacques, Jean). Tous trois s'endorment, se réveillent et se cachent, en
présence de ce corps éblouissant accompagné de Moïse (la Loi) et d’Élie
(le Prophète). Le Christ est enveloppé de nuées et une voix dit "Voilà
mon Fils bien aimé." Pour cette raison, on parle de Théophanie*
(apparition du Dieu trinitaire : Christ, Père par la voix, Esprit par
la nuée). Puis Pierre (le seul, dans les représentations, à lever la
tête vers le Christ) demande s'il faut élever trois tentes pour les
trois apparitions glorieuses. Sans doute fait-il allusion par là à la
fête des Tabernacles (Soukkot, fête des Tentes) liée à l'attente messianique, où chacun s’élève une hutte de branchage ou de palmes (soukka).
Cette exaltation de la lumière, qui révèle le corps glorieux (ce que
l’occultisme appellerait corps astral), est une scène de référence de
toutes les mystiques qui appellent à dépasser la figure, l'apparence,
pour révéler la personnalité profonde, le divin, l'Adam glorieux. D’où
la présence de Moïse (transfiguré en descendant du Sinaï) et d’Élie
(enlevé sur un char de feu sans être mort) — (cf. ci-dessus, dans les
œuvres de Jean VI Cantacuzène, l'empereur devenu moine, protecteur des
mystiques hésychastes). Représentée dès le IVe siècle, la scène se
développe surtout à Byzance, à partir du XIe siècle (c'est une des
douze grandes Fêtes dans la liturgie orthodoxe). La scène est proche
dans son traitement de l’Ascension, sauf pour l’assistance : le Christ
s’élève dans le ciel quand Moïse et Élie gardent les pieds sur terre ;
la gloire qui l’entoure (souvent parfaitement circulaire) est surtout
occidentale et se fait plus rare à partir du XIVe siècle. Les vêtements
blancs, le visage rayonnant (parfois doré), le rayonnement du corps
glorieux et surtout le double symbolisme trinitaire (Christ, Élie,
Moïse / Pierre, Jean / Jacques) la caractérisent.
Trente (concile de) : concile qui
a préparé la Contre-Réforme (lutte contre les
religions réformées). Il s'est réuni à
Trente (Italie)
entre 1545 et 1563 (avec de longues interruptions). Les directives
concernant
les images données lors de la XXVe session (1563) ont
été
développés dans divers livres, en particulier le Traité
sur les saintes images de Molanus (Vandermeulen).
Typologie : lecture de la Bible qui
voit dans l'Ancien Testament une préfigure du
Nouveau. Par exemple, la traversée de la Mer rouge est une
préfigure du Baptême. La méthode typologique
(allégorique, symbolique, doctrine de la concordance) est une lecture
de l'Ancien Testament à la lumière du Nouveau. L’Ancien Testament
préfigure le Nouveau. Il contient des types (ou préfigures) annonçant les thèmes du Nouveau (antitypes
ou figures). Cette méthode est issue du Nouveau Testament : le Christ
est venu accomplir la Loi, pas l'abolir (Mt 5, 17). Jésus lui-même en
donne les deux premiers exemples : le serpent d'airain dressé par Moïse
(Jn 3,14) annonce sa crucifixion et le poisson de Jonas annonce sa
descente "dans le sein de la terre". Elle se développe dans les milieux
d'Alexandrie dès les premiers siècles. Voir fiche détaillée.
Urceus : ("cruche" en latin) récipient
contenant le vinaigre dont Stéphaton* désaltère le
Christ en croix. Il peut prendre la forme d'une cruche, d'un seau...
Vêtements ecclésiastiques : voir ci-dessous.
Vulgate : version latine de la
Bible, traduite par saint Jérôme à la fin du IVe
siècle (390-405). La traduction a été plusieurs
fois revue depuis le XVIe siècle ("Nouvelle Vulgate").