Retour à la page "Pudeur"
Retour à la page "Conférences"
Retour à l'index

La pudeur féminine

Grand public - possibilité de pubic universitaire. Durée : 45 min. à 1h 30 (possiblité de développer plus ou moins l'une des parties). Projections possibles (souhaitables)

Contacter

Chassériau

          Dès l’antiquité romaine, la pudeur est tellement absolue qu’elle s’inscrit dans le corps, en particulier dans le corps de la femme. Pline prétend que le cadavre des femmes flotte sur le ventre, et celui des hommes sur le dos, comme si la dissimulation des organes sexuels était pour la femme une obligation dépassant même la conscience humaine. Ce sentiment est par conséquent conçu en termes de honte. Pour l’Europe chrétienne, la pudeur est également absolue. La prise de conscience de leur nudité a obligé Adam et Ève à la couvrir, les faisant tomber de l’état paradisiaque originel à l’état de la Nature déchue. « Il n’y a rien de plus naturel à la femme que la pudeur », résume le père Le Moyne. À tel point qu’elle doit redouter son propre regard. Fermez les yeux pour vous laver les seins, enseignait-on dans les pensionnats de jeunes filles. Et lorsque la Révolution légifère pour la première fois sur la pudeur, c’est pour définir « l’outrage à la pudeur des femmes » !

          La femme pudique fait l'objet de toutes les louanges. Mais existe-t-elle ? En société, la jeune fille modeste doit « être comme inconnue, et écoutera pour apprendre, la vue baissée, pudibonde ou craintive ». La femme qui perd sa pudeur est donc « dénaturée », au sens propre. Qu’elle ne s’étonne pas si elle est méprisée, ou battue par son mari. « Si dans beaucoup de ménages l’homme manque d’égards pour son épouse, la cause doit en être recherchée le plus souvent dans la faiblesse de celle-ci, dans son manque de pudeur et de dignité. » La pudeur est l'arme radicale de l'homme pour conserver sa suprématie.

          La découverte (alors surprenante !) d’une pudeur masculine, la réflexion (ancienne) sur une nudité innocente de toute honte, la volonté (d’abord anarchiste) de se libérer de toute contrainte, la définition (par Freud) de la pudeur comme d’une « digue », et, bien sûr, l’émancipation de la femme, ont heureusement amené à changer d’optique. Depuis une vingtaine d’années, les principaux livres écrits sur la pudeur sont le fait de femmes, alors que depuis vingt-cinq siècles le sujet était exclusivement masculin ! Conséquence : au lieu d’une honte de son corps, on commence à parler du respect de l’intimité. Et cela change tout.
         


Phèdre

«Si c’est un accident qu’on puisse révéler à des hommes, continue-t-elle, parle, pour que ton cas soit signalé aux médecins » (la nourrice de Phèdre)

Mucha

La pudeur vue par Mucha : une question de voile, déjà...
Statuette

La pudeur féminine existe partout, mais avec des critères différents :
une Chinoise ne montre pas ses pieds...